Résumé de la 2e partie L?homme à la pioche raconte au roi comment il divise ses gains. «J'étais chez le roi», raconta le seigneur. «Sa Majesté nous a posé une bien curieuse devinette. Comment expliquez-vous, nous a-t-il dit, que quelqu'un puisse jeter la première partie de son salaire à l'eau, réserver la seconde à ses dettes, et prêter la troisième, la plus importante ?» «Quelqu'un est-il arrivé à l'expliquer ?» demanda le cantonnier avec curiosité. «Penses-tu ! Aucun n'a résolu l'énigme», fit le seigneur en agitant la main. «Tu ne me croiras peut-être pas, seigneur, mais je connais la réponse», dit le cantonnier en riant. «Que dis-tu ? Tu plaisantes, n'est-ce pas ?», douta le propriétaire. «Pas du tout ! C'est moi qui ai inventé cette devinette. J'en connais donc la réponse», dit le cantonnier. Et il raconta au propriétaire sa rencontre avec le roi travesti. Le seigneur supplia le piocheur de lui donner la réponse, en échange de quoi il lui donnerait trois pièces d'or. «C'est peu», estima l'homme. «Le roi m'en a déjà donné trois. Pour que je te livre la solution, il faut que tu m'en donnes au moins deux fois plus.» Le seigneur hésita un peu, puis il se résolut à donner deux fois trois ducats au piocheur pour obtenir la réponse. Puis il retourna en hâte au château afin de devenir premier conseiller. Le roi fut d'abord étonné. Puis il se souvint que le piocheur travaillait chez cet homme. Il lui lança : «C'est ton cantonnier qui t'a livré la réponse, pas vrai ? Ne mens pas !» Le seigneur bredouilla, s'embrouilla, mais ne put se résoudre à mentir au roi et finit par avouer la vérité. Le roi se fâcha, chassa le seigneur et envoya aussitôt ses sbires quérir le cantonnier. «Tu n'as pas respecté notre accord, vaurien ! Pour cela, je vais te faire enfermer dans mes plus profondes oubliettes», cria-t-il au pauvre homme, lorsque ce dernier se présenta devant lui. Mais le cantonnier n'était pas un poltron. Il se défendit avec audace : «Je n'ai pas trahi notre accord, roi. Tu avais dit que je ne devais pas livrer la réponse avant de t'avoir revu. Or, je t'ai aperçu aujourd'hui au moins six fois.» «Que baragouines-tu ? Où as-tu pu me voir six fois ?», s'indigna le roi en se levant de son trône. «Ici», dit tranquillement le piocheur en tendant la main vers le roi. Au creux de sa paume, il avait les neuf ducats frappés à l'effigie du roi. Le roi examina un moment avec étonnement son portrait gravé sur le côté face des pièces d'or. Il comprit et éclata de rire : «Tu es drôle, cantonnier ! Tu es bien plus malin que tous mes nobles seigneurs. C'est toi qui seras mon conseiller !» Depuis ce temps, sur les conseils de cet homme sage, les gens de ce pays ont tous assez de pain, vivent en paix et sont contents.