L'équipe d'inspecteurs dépêchée d'Alger pour une opération de vérification dans la gestion de la Caisse nationale d'assurance maladie d'Oran (CNAS), particulièrement les archives de certains centres payeurs conventionnés avec des officines pharmaceutiques de la région dans le cadre de ce qui est appelé communément la formule du tiers payant, vient de ficeler son rapport préliminaire. En effet, 25 notifications de suspension, à titre conservatoire, ont été transmises à des chefs de secteur, des responsables au niveau de la direction régionale d'Oran, des cadres syndicaux et des agents vérificateurs. C'est ainsi que l'on apprendra d'une source proche du dossier que, pour le seul secteur d'Arzew, pas moins de sept responsables ont été destinataires de décision, dont le chef de secteur, le responsable de l'annexe chargé de la formule du tiers payant, des agents de caisse et des vérificateurs. Pour ce qui est du centre de Béthioua, l'on saura que le chef de centre et le caissier ont également été suspendus de leurs fonctions. Notre source nous confiera qu'il a été décelé des « doubles écrits de paiement et parfois même des triples écrits de paiement, des dossiers fictifs avec de fausses données et des archives manquantes ». « Cette situation est rendue possible grâce à la complicité de certaines officines qui, selon toujours notre interlocuteur, feraient l'objet, dès finalisation de la procédure, de poursuites judiciaires, particulièrement une officine du centre-ville d'Arzew. » Le préjudice financier causé à la CNAS par de telles pratiques serait, en l'état actuel des investigations, « de l'ordre de 20 millions de dinars ». Encore, ajoutera notre source, « les vérifications n'ont touché que le siège et les centres d'Arzew, d'Es Sénia et celui d'Aïn El Turck ». Concernant les suites à donner, notre source nous dira : « Pour le moment, ce sont des décisions à titre conservatoire. Les enquêteurs s'attelleront par la suite à l'étude des dossiers au cas par cas, car certains agents vérificateurs ont été impliqués malgré eux car occupant des postes d'exécutants. » Cela dit, ajoutera notre source, « en fonction du degré d'implication des personnes, des licenciements, des suspensions et des poursuites judiciaires seront engagés. Le dossier sera transmis, sous peu, à la brigade économique et financière et à l'IGF pour une évaluation plus poussée du préjudice causé à la CNAS ». On apprendra que parmi les sanctions prises figureraient à titre indicatif, au niveau du siège de la CNAS d'Oran, la mise à la retraite d'office de l'ex-directeur régional, la dégradation et la réintégration de son grade d'origine du sous-directeur des prestations, la sanction du responsable syndical, etc. Par ailleurs, on apprendra également qu'un caissier d'un centre payeur à Oran, touché par une mesure similaire, s'est donné la mort il y a quelques jours. En tout état de cause, notre interlocuteur nous confiera que « devant l'état de déliquescence de la situation et l'ampleur des malversations, la brigade d'inspecteurs, pour ne pas déstabiliser tout l'édifice, a été contrainte de suspendre, temporairement, ses investigations qui seront, sans aucun doute, reprises dans quelques jours par une autre équipe ».