Tout a commencé suite à un fait divers relégué en général dans la rubrique des chroniques noires, mais qui, cette fois-ci, a pris la dimension d'un drame national pour les Italiens, et a donné l'occasion à la droite populiste de reprendre du poil de la bête, elle qui ne parvient pas toujours à se débarrasser de son passé fasciste et xénophobe. Rome : De notre correspondante Une femme italienne s'est fait agresser, la semaine dernière, à sa descente d'un train urbain, dans un quartier périphérique de Rome. Tentant de se défendre de son agresseur qui voulait lui arracher son sac, la victime est violemment prise à partie et succombera plus tard à ses blessures. L'auteur du geste criminel est un immigré roumain, appartenant à l'ethnie minoritaire des nomades. C'est une autre nomade habitant le même baraquement qui donnera l'alerte et aidera la police à arrêter le malfaiteur. Cette agression meurtrière, comme il s'en passe presque tout les jours en Italie, a fortement choqué les Italiens, surtout que le coupable est un immigré débarqué en Italie depuis quelques semaines à peine. De plus, la victime, une chrétienne pratiquante qui enseignait le catéchisme dans une église vaudoise de Rome, est l'épouse d'un officier de la marine italienne. S'en était assez pour les Italiens, soumis depuis des années à un matraquage médiatique qui stigmatise les immigrés, les affublant de tous les maux, surtout la communauté des nomades, plus communément appelés les gitans et celle provenant des pays musulmans. A cela s'ajoute le fait que les partis de droite n'ont cessé de dénoncer ce qu'ils qualifient d'invasion de la péninsule par des milliers de Roumains. A les en croire, presque un million de ressortissants roumains ont traversé les frontières de leur pays, en direction de l'Italie depuis l'entrée de ce pays de l'Est dans l'Union européenne en premier janvier de cette année. Le leader de la coalition de droite, Silvio Berlusconi, a appelé la gauche au pouvoir à expulser en masse les Roumains sans situation stable, alors que son allié Gianfranco Fini, secrétaire général du parti ex-fasciste Alliance national, a exhorté le maire de Rome, Walter Veltroni, à reconduire aux frontières plus de 20 000 Roumains qui vivent dans la capitale italienne. Mais la réaction des autorités de Bucarest est vite arrivée, scandalisée et outrée par cette chasse aux Roumains. Le chef du gouvernement romain, Calin Tariceanu, qui devrait effectuer une visite en Italie dans les prochains jours, a fermement condamné la décision des autorités italiennes d'extrader les Roumains présents sur son territoire, surtout ceux appartenant à l'ethnie minoritaire des nomades affirmant qu'« en agissant de la sorte, les autorités italiennes instiguent la haine » et a menacé de saisir la Commission européenne pour stopper l'opération des expulsions collectives. Pour répondre à ces attaques de la droite, qui l'accuse de laxisme, le gouvernement de Romano Prodi a présenté au Parlement un décret, en vertu duquel il sera plus facile pour les maires d'expulser des étrangers, y compris ceux qui portent la nationalité d'un pays de la zone Schengen. Le ministre de l'Intérieur, Giuliano Amato, a déjà autorisé une première vague d'expulsions, alors que plusieurs Roumains, craignant d'être pris à partie par des groupes racistes, ont préféré retourner dans leur pays de leur propre chef. Il y a quatre jours, un groupe de jeunes Italiens a violemment attaqué à coups de barre de fer et de haches les membres d'une famille roumaine qui faisait tranquillement leurs courses dans un supermarché de la capitale. L'épisode a été dénoncé par le vice-président du Conseil italien et ministre des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, ainsi que par les partis communistes qui refusent d'approuver le décret sur les expulsions expéditives.