Encore une fois, le FLN s'est donné en spectacle. Hier après-midi, devant le siège de la kasma 2 situé sur la rue Khemisti à Oran, Si Affif, le dernier superviseur venu, dit-il, mettre de l'ordre à la maison, à l'issue d'une rencontre avec quelques candidats et un point de presse, a été pris pour cible par des éléments de Djelloul Brahma, ancien mouhafedh actuellement sénateur. Ces derniers étaient déjà surexcités et criaient à l'extérieur. A la sortie de l'ancien chef de file des redresseurs, il a été pris à partie, notamment par un autre sénateur, T. Hassan, et il s'en est suivie une prise de bec, mais les deux hommes n'en sont pas venus aux mains car les autres militants ont intervenu, diront plusieurs d'entre ces derniers. Le sénateur s'est quand même retrouvé à l'hôpital et souffre, selon des témoins, d'un mal à la cheville et on lui aurait même mis du plâtre. Un autre témoin de la scène atteste que Si Affif n'a pas réagi aux invectives lancées contre lui et que « le blessé en question a dû se fouler la cheville dans la mêlée ». Dans son intervention, l'envoyé de Belkhadem qui a exhibé un document daté du 31 octobre a lancé des accusations graves contre certains membres du FLN qui lui auraient proposé jusqu'à 2 milliards de centimes pour conduire des listes ! Cependant, fait paradoxal, il s'est juste jeté des fleurs en estimant qu'il maîtrise bien la situation et que sa fonction de président de la commission d'évaluation du parti lui avait permis de connaître tout le monde. Comment se fait-il alors qu'il confie aujourd'hui le fait d'être hébété par de tels comportements puisque, confirme-t-il, les « propositions indécentes » viennent de sa propre formation. Il dit avoir réussi à rassembler les rangs du parti autour des listes, les siennes, que l'administration locale a validées, contrairement à celles présentées par exemple par le colonel Abid qui occupe toujours la mouhafadha et se considère lui aussi seul chef à Oran. Théoriquement, Si Affif était venu travailler avec toutes les ailes en conflit à Oran, y compris cette commission provisoire animée par Brahma Djelloul, mais apparemment il s'est mis toutes les parties sur le dos. Jeudi, une réunion a eu lieu dans un somptueux local au Front de mer. Il y avait entre autres le tête de liste APW, M. Hadjoudj, proche de la coordination des anciens comités de soutien au président de la République qui ont toujours gardé un œil sur le parti. Hier, une autre petite réunion a été organisée vers 5h, c'est-à-dire après l'incident, et Brahma Djelloul était sur l'estrade. Là aussi, un document (daté du 8 novembre et portant le même sceau de M. Belkhadem et du secrétariat exécutif) a été remis spécifiant que c'est désormais Benali Houari qui assume la responsabilité de « superviser » la campagne électorale. « Il y a de gros intérêts à Oran », avait reconnu juste auparavant Si Affif qui a considéré que ses prédécesseurs envoyés d'Alger ont échoué. Avec lui, le parti semble s'engouffrer davantage. A ne rien comprendre.