Le secteur du bâtiment agonise. Le manque de projets a non seulement déstructuré une branche importante, source d'emploi et animatrice du commerce, mais a porté un sacré coup à la spécialité ayant perdu une main-d'œuvre qualifiée. En matière de programme de logement participatif, la deuxième wilaya du pays en nombre d'habitants n'a obtenu depuis 1998 qu'un maigre quota de 432 unités. 132 ont été réservées aux agents de la sûreté nationale. Sétif a bénéficié de 150 appartements, le reste a été, nous dit-on, affecté à quelques communes. L'absence de plan de charge a poussé de nombreuses entreprises à mettre la clé sous le paillasson. Ne voyant rien venir, des milliers de maçons, ferrailleurs, plâtriers et carreleurs ont été obligés de changer de métier. Avec son potentiel humain et son savoir-faire, la wilaya de Sétif qui était dans un passé récent à l'avant-garde du secteur est à l'heure actuelle à la traîne. Dire qu'elle est la wilaya par excellence des matériaux de construction (ciment, agrégat, brique, dalle de sol, faïence, plâtre, compteurs de gaz et eau, fil électrique...). Ses capacités de production lui confèrent sans conteste la première place à l'échelle nationale. Néanmoins, la réputation des bâtisseurs des Hauts-Plateaux a été brisée par la « vision » des décideurs de la wilaya qui ont des années durant tourné le dos à l'adage qui dit : « Quand le bâtiment va, tout va. » Pis encore, les tergiversations de ces derniers ont porté un coup fatal au secteur. Le projet des 1500 logements participatifs, lancé par la section locale de la Confédération algérienne du patronat (CAP) qui attend depuis 1993 la concrétisation, est l'exemple type du ratage et du blocage. Un terrain d'assiette à Laïd Dahoui (lieu jouxtant le souk hebdomadaire des voitures) a été octroyé. Le permis de lotir (n° 624/94) a été délivré le 17 avril 1994. Après que les travaux de viabilisation ont été entamés, la DEC (délégation exécutive communale) de l'époque décide d'intégrer ce terrain dans la zone d'activité et de transférer la promotion vers El Hidab. Les dépenses inhérentes à la viabilisation du premier site n'ont pas été remboursées. Trois ans plus tard, le 25 août 1997, un second permis de lotir (n° 531/97) est délivré pour la construction de 1579 logements dont 300 furent, nous dit-on, réservés à neuf sociétés civiles immobilières, disposant d'actes de proprieté dûment publiés et enregistrés. Les travaux de viabilisation de ce nouveau site sont presque achevés, mais l'acte de concession donnant le coup d'envoi de la construction des logements et des équipements programmés n'est, huit ans après, toujours pas délivré. Cette situation décourage, nous dit-on, les promoteurs ayant en matière de réalisation et de respect des délais relevé bon nombre de défis. Pour preuve, ces opérateurs ont construit en quinze mois (1996-1997) 6000 logements sociaux. Ils sont, réitèrent-ils, disposés à édifier 5000 appartements sociaux ou participatifs en 12 mois. La relance de l'activité, qui permettra dans un premier temps l'ouverture de plus de 4000 postes de travail et par là même une rentrée fiscale et parafiscale conséquente pour le Trésor public, est conditionnée par la révision des coûts.« Il n'est plus possible de construire avec un coût réduit de 18 000 à 20 000 DA/m2. Ce montant se répercute négativement sur la qualité du produit. Pour parer à ce contraignant paramètre, il faut revenir à la réalité du terrain. On doit relever le prix à 24 000 DA le mètre carré », nous confie Hacène T., un bâtisseur.Le wali de Sétif qui s'est engagé à édifier d'ici cinq ans 25 000 logements (lire El Watan du 7 octobre 2004 ) est interpellé pour plaider auprès de qui droit la cause de ces entrepreneurs.