Les Chélifiens, ou du moins une grande partie d'entre eux, donnent l'impression d'avoir perdu leur sérénité, leurs repères et leurs réflexes de citadins, comme on peut le constater quotidiennement dans leurs comportements et rapports avec la société. Serait-ce un phénomène de société ou la conséquence des grands bouleversements qu'a connus la région après le violent séisme d'octobre 1980 et la décennie du terrorisme ? Les habitants de l'ex-El Asnam (appellation de la ville avant cette catastrophe) regrettent l'ancien temps et désapprouvent totalement ces actes qu'ils imputent à la clochardisation de la cité en raison de l'afflux massif des visiteurs venant de tous les coins de la wilaya et même des localités limitrophes. Toujours est-il que la situation n'incite guère à l'optimisme avec le développement de réactions très violentes, agressives, qui débouchent souvent sur l'irréparable. La recrudescence des crimes de sang en est la parfaite illustration. Les femmes ou les jeunes filles ne peuvent marcher seules sans qu'elles soient agressées verbalement ou importunées par des conducteurs de véhicule et les jeunes massés le long des trottoirs. Ces derniers sont en grande partie squattés par les commerçants et poussent les gens à déborder sur la voie publique, entraînant de sérieuses perturbations de la circulation. Les piétons aussi ne respectent pas les passages qui leur sont réservés et traversent la rue comme bon leur semble. Il est déconseillé de leur faire la moindre remarque, sinon vous regretterez votre geste..., car la plupart des jeunes sont armés de couteaux et n'hésitent pas à poignarder leurs victimes pour des histoires banales ou pour le vol de leurs objets. Autre phénomène : la prolifération des mobylettes dans les rues de la ville, ce qui a obligé les services de la police à lancer une vaste opération de contrôle et d'immobilisation de ces engins qui, outre les multiples accidents causés, sont utilisés par les malfaiteurs pour le vol de portables et d'objets en or arrachés aux femmes. Un manque flagrant de civisme est aussi constaté dans la prise en charge des déchets ménagers et autres. Certains citoyens ne respectent ni les horaires de passage des camions de collecte des ordures ni les endroits réservés à cet effet. Ils jettent n'importe où et n'importe comment leurs sachets de détritus et se plaignent en même temps « du manque de propreté de la ville et de ses cités périphériques ». Sur ce plan, on ne peut jeter la pierre aux seuls services de nettoiement qui, faut-il le reconnaître, déploient de gros efforts pour débarrasser la cité de ses dépotoirs, les habitants doivent eux aussi contribuer à l'amélioration de leur cadre de vie par des gestes simples et une participation active à l'éradication de ce grand point noir. Il y va de la santé de tous et de l'image de marque de ce grand centre urbain qui est la capitale du Chéliff.