Les répercussions du déclin du dollar face à l'euro sur les échanges commerciaux de l'Algérie ont fait l'objet d'une analyse pertinente du Forum des chefs d'entreprise (FCE) dans une note de conjoncture de son dernier bulletin mensuel La Lettre du Forum. Cette semaine, l'euro a grimpé à 1,4752 dollar, un record depuis la création en 1999 de la monnaie unique, mais la montée des cours du pétrole ces derniers mois, où le cours du brent flirte avec les 100 dollars, a quelque peu éclipsé le débat sur les retombées de la dépréciation du dollar face à la monnaie européenne. Pourtant, et selon les chiffres du FCE, la dépréciation de 33% du dollar par rapport à l'euro entre 2002 et 2006 a fait augmenter de 14,4% la facture globale des importations algériennes. Tirant la sonnette d'alarme pour un suivi « rigoureux » pour anticiper toute conséquence néfaste sur l'économie nationale en général et sur les échanges commerciaux de l'Algérie en particulier, la note de conjoncture du FCE indique que la structure des importations des biens par destination finale (ou par groupe de produits) et celle par origine géographique font ressortir l'effet de la dépréciation du dollar au niveau global des importations, mais aussi sur les importations destinées aux producteurs (industriels) et sur celles destinées aux consommateurs (ménages et administration). Ainsi, les importations de biens de consommation alimentaire ont augmenté de 10% entre 2002 et 2006, les biens d'équipement de 15%, les biens destinés à l'outil de production (matières premières et demi-produits) de 15,5% et les biens de consommation non alimentaire de 16,3%. Selon les explications fournies par le FCE, il en ressort que les importations de l'Algérie ont presque doublé ces cinq dernières années (21,5 milliards de dollars US en 2006 contre 12 milliards en 2002) et elles sont payées en euro dans une proportion qui fluctue entre 55 et 58%. Le cash étant le mode de paiement prédominant à hauteur de près de 83%, suivi des lignes de crédit pour près de 12%. Les comptes devises propres et les autres modes de paiement ne représentent que près de 5%. Concernant la structure des importations par groupes de produits, la part de la zone euro dans les importations totales de l'Algérie révèle la prédominance des biens d'équipements essentiellement industriels et les biens destinés à l'outil de production (matières premières et les demi-produits). Les biens de consommation alimentaire et les biens de consommation non alimentaire représentent par contre une plus faible proportion, indique-t-on. Durant la période 2002-2006, il a été observé que la part des biens d'équipement dans les importations de biens en provenance de l'UE représente près des deux tiers (66%) des importations des biens d'équipement importés du reste du monde. La part des biens destinés à l'outil de production, alors que les biens de consommation non alimentaire, tels que les médicaments, représentent près de 17% des importations totales en provenance de l'UE et près des deux tiers des importations de ce groupe de produits du reste du monde. Pour ce qui est des exportations (plus de 54 milliards de dollars US en 2006 contre 18,8 milliards de dollars en 2002), essentiellement les hydrocarbures, 98% sont libellés en dollar alors que la part de la zone euro dans les exportations de l'Algérie reste élevée même si elle a diminué de plus de 12% en cinq ans. Si par rapport à 2002, la valeur du dollar a diminué de près de 33% en 2006 et de 48% en octobre 2007, cette forte dépréciation a affecté plus les producteurs que les consommateurs, conclut le FCE.