Le chômage sévit de manière endémique dans une contrée où, en plus de la manne touristique exceptionnelle, les richesses sous-marines et forestières représentent des atouts inestimables. Elle, qui s'enorgueillit du fait que sa baie compte parmi les meilleures au monde, n'occulte pas la pauvreté qui lui colle à la peau comme une fatalité. « Elle », c'est la petite coquette Chétaïbi. L'investissement, injecté dans une multitude de projets de développement, n'a pas pour autant soustrait ses habitants de l'état précaire dans lequel ils ont toujours évolué. C'est que les retards cumulés dans tous les secteurs sont tellement importants qu'ils ont compromis toutes les chances d'un décollage économique sur lequel les pouvoirs publics misaient en livrant la guerre à l'isolement. L'enjeu était tel que le tronçon de route qui relie Berrahal au village, et par lequel on a pensé acheminer la prospérité, a été réalisé en un temps record. Chétaïbi avait ainsi vaincu l'isolement, la route avait remplacé le difficile chemin de montagne, mais sa construction n'a pas été suivie d'effet, du moins dans sa dimension escomptée sur le développement global de la région. L'éloignement et le terrorisme se sont alliés pour freiner l'élan de l'effort consenti, et compromettre tous les objectifs visés dans la mise en place des supports du développement économique. Chétaïbi a, dans cette perspective, beaucoup misé sur la réhabilitation de la pêche qui peut concourir à renflouer les caisses de la commune, laquelle vit de très maigres ressources. La réalisation d'un port de pêche en 1995 s'inscrit dans cette ambition de valoriser les atouts économiques dont elle dispose. La commune a d'ailleurs bénéficié d'un financement consenti par le FIDA, dans le cadre d'un projet-pilote portant sur le développement de la pêche artisanale. Cette région ne recèle pas de potentialités touristiques seulement, ses richesses sous-marines et forestières sont autant d'opportunités pour le développement de l'investissement. La valorisation de l'agriculture de montagne est aussi de mise. D'ailleurs, beaucoup de projets ont été retenus pour la commune dans le cadre de l'aide de l'Etat, consentie par le biais du plan de développement rural. L'opportunité de pareils projets est d'autant plus évidente que la promotion de l'agriculture de montagne passe d'une manière incontournable par la réalisation de vergers de montagne, l'exploitation de la forêt et le développement de l'apiculture et de l'aviculture. Dans cette commune, le chômage sévit d'une manière chronique. L'unique carrière de granit qui occupait la main-d'œuvre locale est fermée à l'exploitation. L'agriculture vivrière et la pêche, qui reste à l'état rudimentaire, n'arrivent plus à répondre à la demande sociale croissante. A Chétaïbi, où les créneaux d'investissement ne manquent pas, particulièrement dans le tourisme, d'autant plus que la contrainte de l'eau est levée, les investisseurs privés ne se bousculent pas. L'eau, indispensable au bon fonctionnement des structures de tourisme, est acheminée à partir du barrage de Guerbez dans la wilaya de Skikda. Dans cette région, trop peu nantie par la nature et au relief très accidenté, les conditions de vie sont très rudes, surtout quand les commodités nécessaires font défaut. Le mouvement de revendication, organisé récemment par la population pour interpeller les élus et responsables locaux, en dit long sur l'impact des retards cumulés dans l'action de développement sur le vécu quotidien des habitants.