La création d'une petite entreprise ou le lancement d'un projet n'est plus une mince affaire. Si les jeunes diplômés doivent justifier d'une qualification, ceux n'ayant pas acquis une quelconque formation solide auront peu de chances de mener leur « aventure » jusqu'au bout. Pour preuve, les chiffres présentés, samedi dernier, lors de l'émission Forum de la radio régionale de Constantine, par les responsables locaux des trois agences les plus connues, reflètent l'écart qui se creuse entre l'offre et la demande, à en juger par le faible taux de dossiers qui arrivent à bon port, c'est-à-dire le financement et l'entrée en exploitation. Selon Tarek Belmili, directeur du bureau de Constantine de l'agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), la culture de l'investissement et la création des entreprises est encore une idée neuve qui nécessite une sérieuse prise en charge à travers un travail de sensibilisation et de vulgarisation. « Présente depuis 1998, l'agence a pu réaliser une valeur d'investissements de 7 milliards de dinars, permettant la création de 3 687 entreprises et plus de 11 000 postes d'emploi, ce qui est un exploit après les problèmes rencontrés durant les premières années », dira T. Belmili, qui notera tout de même un déficit important en locaux commerciaux dans la wilaya et les carences constatées dans la gestion des projets. Ce qui mènera plusieurs jeunes à changer d'activité. « Si l'agence est tenue de gérer les dossiers avec plus de rigueur à travers les tests de qualification, nous comptons prodiguer une formation sur les techniques de gestion pour les futurs candidats dans le but d'assurer la pérennité de ces petites entreprises », poursuit-il. Les entraves bancaires pour l'obtention d'un crédit reviennent toujours dans les débats. Les jeunes qui se retrouvent souvent seuls, sans le moindre accompagnement, sont contraints de suivre des démarches longues et fastidieuses au point de se décourager. A ce titre, et malgré les efforts déployés par l'agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) pour soutenir les projets à financement mixte, peu de projets nécessitant un budget entre 100 000 et 400 000 DA ont vraiment abouti. Sur 918 dossiers étudiés, 17 seulement ont été réellement financés entre 2006 et mars 2007. « Nous essayons de répondre à toutes les demandes en dépit d'un cumul de dossiers depuis 2005 », notera Choukri Benhadid, le tout nouveau directeur de l'Angem. C'est le même cas de figure pour la caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), créée en 2004, et qui a pris du temps pour mettre en application le dispositif destiné aux chômeurs âgés entre 35 et 50 ans. « Un système qui a permis la création de 307 entreprises avec 1 092 emplois, et que nous œuvrons à renforcer en dépit d'un environnement économique difficile marqué surtout par une concurrence féroce », déclare Toufik Khezzar, directeur de l'agence Cnac de Constantine. Il faut relever que beaucoup de jeunes ont noté un manque d'informations, surtout lorsqu'il s'agit du traitement et du suivi des dossiers. Un fait étranger a été soulevé par un invité de l'émission qui a révélé la présence de locaux non distribués faute de demandes, alors que sur l'autre « rive du fleuve », des chômeurs cherchent désespérément une « petite baraque »pour gagner leur pain.