Quinze jours d'une certaine morosité ont marqué à Constantine la campagne pour les élections locales du 29 novembre. Contrairement aux législatives du 17 mai dernier, les partis n'ont pas fait preuve d'engagement sur le terrain. Pas de travail de communication à l'intention de la presse, ni de rencontres de proximité avec les citoyens, alors qu'il s'agit d'une opération qui implique le devenir des municipalités, rongées par une foule de problèmes. Les habitants de la wilaya, qui s'attendaient à un mouvement intense des partis, ont vu défiler quatre meetings seulement, dont trois en l'espace de 24 heures. Sur les 35 sites désignés pour abriter ces rencontres, deux seulement ont été choisis par les cinq formations en course. Le centre culturel M'hamed Yazid de la ville d'El Khroub, qui a abrité au second jour de la campagne un meeting de Moussa Touati, président du FNA, est resté vide. A Constantine, la maison de la culture Al Khalifa, située en plein centre-ville, et qui a prouvé encore une fois son statut de Mecque pour tous types de rassemblements, n'a pas désempli. Si les deux meetings animés par la secrétaire générale du PT, Louiza Hanoune, et le premier responsable du RND, Ahmed Ouyahia, ont instauré de nouveaux comportements d'écoute de la part des citoyens, venus spécialement pour prendre connaissance des programmes et des idées des partis, celui animé par le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem a, par contre, fait revivre les vieux tics de l'ex-parti unique. Dans les communes de la wilaya, et mis à part une rencontre du mouvement En Nahda à Ouled Rahmoune, les salles sont restées désertes, alors que les panneaux d'affichage se dressaient tels des épouvantails. Le nombre des partis engagés pour les locales, et qui s'est réduit considérablement après les législatives, est un fait qui n'a pas pour autant suscité l'engouement de la population. Les composantes des listes proposées, commentées différemment, ne font pas l'unanimité. La plupart des partis engagés ont eu d'énormes difficultés pour boucler les affiches, proposant un « melting-pot » de personnes réunies de divers horizons. Une variété pas tout à fait convaincante, lorsqu'on trouve des médecins, des chercheurs universitaires, des psychanalystes et des cadres supérieurs côtoyer des femmes au foyer, des gargotiers et des agents de sécurité. « Comment voulez-vous que je vote pour une liste où un simple chaouche, qui ne sait pas rédiger une lettre, se retrouve classé avant son responsable hiérarchique dans la même entreprise qui, de surcroît est un diplômé universitaire ? » commente ironiquement un citoyen. Reste à noter que les catégories vulnérables de la société, à l'image des handicapés, ont été encore une fois marginalisées. Hormis le PT, qui a pensé aux sourds-muets en sollicitant les services d'une interprète du langage des signes, aucun parti n'a réservé un espace pour les handicapés, toutes catégories confondues.