Le comité mixte installé, l'année dernière, suite à la signature du mémorandum de partenariat et de développement dans la filière de l'industrie pharmaceutique se réunit aujourd'hui à l'hôtel Sofitel. Une rencontre qui s'annonce houleuse. L'industrie pharmaceutique fait partie des trois secteurs industriels ciblés par la coopération bilatérale entre l'Algérie et la France dans l'investissement. Depuis une année, aucun projet n'a encore abouti. Tout porte à croire que la situation de monopole pour la commercialisation des produits finis est l'option préférée des investisseurs français sachant que deux tiers des importations de médicaments proviennent de la France. Sinon, comment peut-on expliquer leurs exigences qui demeurent, selon certains observateurs, des « privilèges », notamment celles relatives à la protection des données, à la propriété intellectuelle et à la facilitation des investissements. Ou bien à la mise en cause de la conformité des entreprises algériennes de médicaments qui « ne peuvent pas servir, selon eux, à une industrie de base et performante ». D'ailleurs, c'est ce qui constitue la pomme de discorde entre les deux parties. Ces trois principaux points figurent à l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui. Un ordre du jour qui n'est pas du goût des opérateurs économiques algériens, en l'occurrence le groupe Saidal, le syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP) et l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP) qui ont, par contre, le souci de débattre des conditions de développement de la production nationale par des mesures de protection et le renforcement de la formation avec bien sûr le transfert des technologies. Comme cela est le cas dans les pays voisins, à savoir le Maroc et la Tunisie. Cette rencontre, organisée par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, intervient après celle organisée le 22 octobre à Paris, mais sans la partie algérienne. « Une rencontre qui s'est soldée par un échec », fait-on remarquer. La situation semble ainsi compliquée puisque les deux parties défendent deux approches diamétralement opposées par rapport à la promotion et au développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie. Les investisseurs français ne semblent pas céder sur le principe de la facilitation des conditions d'investissements, alors que le code des investissements est très attractif, s'accordent à dire les spécialistes. Les Français conditionnent leurs engagements d'investissements, rappelons-le, par « l'amélioration de la visibilité de l'environnement économique, juridique et administratif du médicament ». L'extension du délai du brevet pouvant aller de cinq à dix ans, une des exigences des opérateurs français, constitue aussi une contrainte à la politique algérienne du médicament. Celle notamment relative à la promotion et à la consommation du générique. « Une condition qui va à l'encontre des orientations des hautes autorités du pays concernant la production du générique et sa consommation », signale-t-on. Le texte de loi pour la protection des données pose également de sérieux problèmes à la prescription de certains génériques et pour certaines indications. A noter qu'une réunion préparatoire s'est tenue samedi dernier entre les représentants des opérateurs algériens avec le ministère de la Santé et celui du Travail pour mieux défendre leur approche lors de la réunion d'aujourd'hui. Prendront part à cette rencontre du côté français, des représentants de la mission économique de l'ambassade de France en Algérie et du syndicat français des entreprises du médicament (LEEM). A rappeler, le comité a pour mission de chapeauter et d'aider à la réalisation des projets industriels dans le domaine du médicament à travers le soutien des deux gouvernements.