Le ministère des Travaux publics a de grands projets dans le Sud. Une route reliant Adrar à Tindouf par le difficile erg Chech. Une transsaharienne qui doit atterrir à Lagos, au Nigeria. Ces idées « structurantes », pour reprendre le terme à la mode, sont bonnes mais les projets d'échelle prennent souvent le pas sur les problèmes locaux et axes de proximité. Pour rallier In Belbel, perdue dans son plateau, il y a 3 pistes connues, ou plutôt des « chemins » empruntés. De l'Aougrout, au sud de Timimoun, une piste de 120 km traverse une succession de descentes aussi vertigineuses que de montées pénibles et rallie Tiberghamine à In Belbel. Une autre piste d'Adrar mène à In Belbel sur 150 km de cheminement difficile qui suit le sablonneux oued Tilia en bordure de falaise. Et de Aoulef, d'Akhennouss, un chemin tracé sur les premiers kilomètres par une piste terrassée qui mène à un forage pétrolier, débouche sur In Belbel à travers d'interminables canyons, oueds et pierrailles, sur 120 km. Et c'est là où se situe la première honte : « On terrasse une piste pour mener au forage et après, plus rien, on est obligé de naviguer entre les pierres et les oueds. » A Imatriouène, même avis, le chef du village montre la chose : « Vous voyez cette piste approximative ? C'est la France qui l'a laissée. » Deuxième honte. Pourtant, une étude a été faite et déposée à tous les niveaux, commune, daïra et wilaya pour la construction d'une route. D'ailleurs, les habitants de In Belbel, isolés et enclavés, ne demandent même pas une route goudronnée mais au moins une piste terrassée. A cause de la difficulté d'atteindre In Belbel, tout y est plus cher. Les produits alimentaires comme le reste. Les instituteurs n'arrivent pas souvent à assurer les cours à l'école et aucun médecin n'a daigné s'y installer, du fait de l'éloignement. Une route. Ou au moins une piste Monsieur Ghoul.