La Grande Mosquée de Biskra qui menace ruine va être livrée, dès la semaine prochaine, aux pioches des démolisseurs. C'est ce que nous a confirmé F. Labed, directeur des affaires religieuses, qui précisa qu'elle sera reconstruite sur le même emplacement, par l'Etat avec, bien entendu, la contribution de tous les fidèles. C'est dans la première moitié du siècle précédent que la modeste mosquée du Caïd fut érigée dans le damier colonial, juste en face de la place du marché couvert européen, par Cheikh El Arab, au retour d'un pèlerinage, sur un terrain lui appartenant, situé à portée de fusil de sa résidence, sise au boulevard Emir Abdelkader (ex-boulevard Carnot) et dénommée Dar Bengana, un joyau architectural hispano- mauresque, devenu au lendemain de l'indépendance un centre d'animation de la jeunesse. La principale façade de la mosquée, hormis la porte d'entrée et le premier minaret de l'édifice (elle en aura 2 autres, par la suite, plus hauts et plus volumineux que le premier) était occupée, au niveau du rez-de-chaussée, proximité du marché oblige, par divers locaux commerciaux, biens waqfs, dont les loyers servaient à financer, avec les donations et autres produits des quêtes périodiques, le fonctionnement et surtout l'entretien du lieu de prière. Au cours du siècle, les extensions successives et autres surélévations, toutes anarchiques, si elles ont permis à la mosquée du Caïd, de gagner en espace au point de devenir la Grande Mosquée de la reine des Ziban, ont, par contre, fragilisé le noyau rustique du temple côté mihrab, construit autrefois avec des matériaux locaux, au point d'y interdire, dernièrement, la prière. Rebaptisée naguère, mosquée Meghezzi, du nom des illustres imams qui se sont succédé à son minbar, l'ex-mosquée du Caïd qui menaçait ruine a été définitivement condamnée par le CTC qui, consulté, estima qu'il serait « plus sûr et moins onéreux de la raser complètement, puis de la reconstruire. »