Des morts. Des estropiés à vie. La liste des victimes des mines antipersonnel en Algérie ne cesse de s'allonger d'année en année. Leur nombre ? Faute d'étude sérieuse, aucune autorité ne semble à ce jour en mesure de donner le chiffre exact. Une chose est certaine, elles tuent toujours. Le ministère de la Solidarité nationale a recensé depuis le début de l'année 8 morts et 7 blessés. Le ministère des Moudjahidine estime le nombre à plus de 3000 victimes depuis l'indépendance. Mais le chiffre est jugé en deçà de la réalité, car il ne prend en compte que les victimes déclarées et touchant une indemnité. « Ce n'est là que la partie visible de l'iceberg », a déclaré dimanche Abdellah Bouchenak, secrétaire général au ministère de la Solidarité nationale, à l'ouverture du 2e colloque de formation sur la prise en charge des victimes des mines antipersonnel organisé par le département ministériel de Djamel Ouled Abbès. « Nous n'avons pas un chiffre précis sur le nombre des personnes handicapées dont la cause du handicap est la mine antipersonnel », a affirmé le haut responsable. Un fichier national serait, d'après lui, en cours d'élaboration pour une « bonne identification des victimes des mines antipersonnel ». Handicap International, ONG impliquée dans le suivi de l'application de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel – ratifiée par l'Algérie en décembre 2000 –, compte 2076 victimes recensées à travers les principales villes frontalières du pays. La guerre des chiffres n'éclipsera pas pour autant la dure réalité des survivants ni leurs revendications légitimes. Celles-ci exprimées par les rares associations de défense des droits des victimes, octroi d'un statut spécifique et revalorisation des pensions peinent à trouver une oreille attentive auprès des pouvoirs publics. Ouzzani Boumédienne, représentant à Tlemcen de l'Association nationale des victimes des mines antipersonnel, relève « l'absurde » de la situation imposée aux victimes. Il fait remarquer que les victimes déclarées lors de la guerre de Libération sont classées dans la catégorie des anciens moudjahidine et sont indemnisées en conséquence alors que les victimes post-indépendance n'ouvrent droit qu'à une indemnité ne dépassant pas les 6000 DA.