La Russie a finalement réussi à faire concrétiser le projet de gazoduc Caspienne-Russie. L'accord final a été signé jeudi dernier à Moscou entre la Russie, le Kazakhstan et le Turkménistan. L'accord a été finalement obtenu après que la Russie ait accepté une augmentation du prix du gaz que le Turkménistan lui vend. Le prix pour le premier semestre 2008 serait passé de 100 à 130 dollars les 1000 mètres cubes. Le gazoduc trans-caspien doit transporter du gaz turkmène vers l'Europe en passant par la Russie. Le gazoduc dont la construction doit être achevée en 2010 longera les côtes de la mer Caspienne et traversera le Turkménistan, le Kazakhstan et la Russie. C'est au mois de mai dernier que les présidents des trois pays signataires de l'accord avaient convenu de construire ce gazoduc qui doit démarrer avec une capacité de 10 milliards de mètres cubes avant de passer à une capacité de 30 milliards de mètres cubes. L'Europe qui dépend fortement du gaz en provenance de Russie essaie en coordination avec les Etats-Unis d'amener le Turkménistan à construire un gazoduc sous la mer Caspienne pour contourner la Russie. En 2001, l'Europe des 15 a importé 40% de ses besoins en gaz de Russie et ce chiffre devrait dépasser 60% d'ici 2030. Mais cette thèse basée surtout sur la géopolitique, les Occidentaux, après la crise entre la Russie et l'Ukraine, deviennent de plus en plus méfiants vis-à-vis de Moscou, a déjà connu un recul après la conclusion par l'ENI d'un accord avec Gazprom sur la construction d'un gazoduc qui transportera du gaz russe directement vers l'Europe. Le pragmatisme italien et la sécurisation des approvisionnements du marché italien ont transcendé la géopolitique. Le projet de gazoduc South Stream d'une longueur de 900 km environ traversera la mer Noire jusqu'en Bulgarie avant de se diviser en deux branches et d'injecter environ 30 milliards de mètres cubes de gaz par an en Europe. La première branche ira vers l'Autriche et la deuxième vers la Grèce, ensuite vers Otrante dans le sud de l'Italie. L'ENI a aussi signé parallèlement des accords d'achat de gaz russe jusqu'en 2035. De son côté, la Russie essaie aussi de contourner au maximum dans le tracé des projets de gazoduc, les pays avec qui elle a eu des problèmes de tarification comme l'Ukraine. Depuis le conflit du gaz entre la Russie et l'Ukraine, l'Europe recherche de nouvelles voies d'approvisionnement pour dépendre de moins en moins de la Russie. Le tracé des gazoducs et le GNL constituent des axes prioritaires pour les Européens. A ce titre et juste après la crise, l'Italie avait accéléré le projet d'augmentation des capacités du gazoduc Enrico Mattei qui relie l'Algérie à l'Italie via la Tunisie. Comme elle a aussi accéléré les procédures pour le projet du deuxième gazoduc (Galsi) qui doit relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. De plus, la Commission européenne a commencé à s'intéresser un peu plus au projet de gazoduc qui doit relier le Nigeria à l'Europe en passant par l'Algérie. Un projet qui doit transporter 25 milliards de mètres cubes de gaz par an et qui est porté par Sonatrach et la nigériane NPC. Lors de la signature du contrat sur le projet de gazoduc trans-caspien, le président russe, Vladimir Poutine, a envoyé un message pour rassurer les Européens en indiquant que « la création de cette nouvelle artère énergétique permettra des livraisons à long terme et en grande quantité à nos partenaires. C'est une nouvelle contribution importante de notre pays au renforcement de la sécurité énergétique en Europe ». L'autre projet que mène Gazprom est le gazoduc North Stream qui doit relier la Russie à l'Allemagne sous la Baltique en contournant la Pologne et les pays baltes. Gazprom, avec 51%, est partenaire de deux groupes allemands, BASF et EON. Le gazoduc qui doit permettre d'alimenter l'Allemagne directement en passant au fond de la mer Baltique évite au gaz russe de passer par la Pologne, l'Ukraine et la Biélorussie. En 2001, l'Europe des 15 a importé 40% de ses besoins en gaz de Russie et ce chiffre devrait dépasser 60% d'ici 2030. C'est l'ex-chancelier allemand, Gerhard Schröder, qui a été élu au mois de mars 2006 président du conseil de surveillance du consortium chargé de la construction de ce gazoduc. Le gazoduc doit acheminer dans un premier temps 27 milliards de mètres cubes de gaz par an pour ensuite passer à 55 milliards de mètres cubes. 12 milliards de dollars. Le gazoduc sera construit sur près de 3000 km, dont 1189 km sous la mer Baltique. Il reliera le système de canalisations d'oléoducs russes au port russe de Vyborg, puis via la mer Baltique, à Greifswald en Allemagne. Avec la conclusion de l'accord de jeudi, on peut dire que Gazprom est en train d'atteindre ses objectifs dans le tracé des routes du gaz vers l'Europe et d'éviter d'avoir des intermédiaires avec ses clients traditionnels d'Europe.