Il y a trente ans, Oum El Bouaghi, ex-Canrobert, a accédé au rang de wilaya, sans avoir jamais été daïra. Ainsi, de simple commune, dépendant de Aïn Beïda, la petite ville d'Oum El Bouaghi est promue au grade de wilaya. Démunie d'infrastructures de base, il fallait pour les autorités en place mettre les bouchées doubles pour la doter d'un plan urbanistique ambitieux et futuriste. En fait, il s'est agi de créer une nouvelle ville dont les boulevards et les avenues seront tracés au cordeau et bordés d'infrastructures pour héberger les différents services, dont les banques, les assurances, les directions de tous les secteurs. A partir de la tour de 9 étages du siège de la wilaya, qui domine la ville, on peut embrasser tout le paysage. D'ici s'offre une vue d'ensemble qui révèle l'extension d'Oum El Bouaghi, principalement du côté sud, en allant vers Khenchela. 80 % des constructions sont récentes ou presque. En tous les cas, elles ont l'âge qu'a le siège de la wilaya, c'est-à-dire trente années. Toutefois, il y a lieu de remarquer que l'ancien centre-ville a, malgré un lifting de bon aloi, gardé son cachet d'antan. Ici se bousculent surtout les échoppes, les petits restaurants où l'on continue à servir une soupe de pois chiches ou de fèves à une clientèle constituée généralement d'ouvriers, de petits fonctionnaires. Ces derniers ne peuvent se permettre des plats à base de viande, attendu que le déplacement qu'ils effectuent chaque matin depuis leur lieu de résidence affecte lourdement leurs salaires. Des centaines de travailleurs viennent de Aïn Beïda, de Aïn M'lila. C'est par l'apport de ces derniers que de petits commerces vivent encore à Oum El Bouaghi, entre autres les restaurants, les pizzérias, les pâtisseries. Ce qui fait par-dessus tout la fierté de la ville, c'est de disposer d'un centre universitaire qui regroupe environ 8000 étudiants, issus des wilayas limitrophes. Ce centre universitaire qui a fêté l'an dernier son vingtième anniversaire aspire à accéder au rang d'université, d'autant que toutes les conditions sont réunies pour un pareil statut. Rien que pour cette année, le CU Larbi Ben M'hidi a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de 1,10 milliard de dinars. Pour faire face à la demande toujours croissante en matière d'hébergement, une cité de 4000 lits est programmée pour le plan quinquennal. En trente ans, la jeune wilaya d'Oum El Bouaghi est passée de 20 000 à 60 000 ha. Au moment de son accession au statut de wilaya, investisseurs, constructeurs et autres promoteurs se sont empressés de s'installer et de créer de nouvelles sources de richesse. Les villes cossues et huppées, érigées dans les nouvelles cités, sont le signe évident d'un développement urbain sans commune mesure. Cela témoigne aussi du spectaculaire essor réalisé par la commune en matière d'habitat. Côté industrie, la ville ne dispose pas d'usines génératrices d'emplois, mis à part la semoulerie de Sidi R'ghis et des entreprises situées à l'est de la cité. Au contraire, avec la crise économique qui a affecté le pays, beaucoup d'entreprises ont connu un dégraissement d'effectifs, ce qui, en d'autres termes, a fait grimper le taux de chômage, qui a atteint 30 % de la population active. Les formules préconisant la création de microentreprises, telles que l'Ansej et la CNAC, parviendront-elles à atténuer dans une certaine mesure la crise dont la première victime est le jeune diplômé ? Cela dit, la wilaya d'Oum El Bouaghi, dont la vocation première reste la céréaliculture et à un second degré l'élevage, dispose de nombreux atouts pour amorcer un grand développement dans les domaines industriel, agricole et social. Pour son trentenaire et au cours du 1er Novembre les autorités ont inauguré une grandiose salle des fêtes de 1000 places. C'est le cadeau d'anniversaire de cette jeune wilaya.