Il fallait que le jeu vaille vraiment la chandelle pour que M. K., né en 1966, à Sidi M'hamed, à Alger, tente 5 fois le coup avant de se faire pincer. L'astuce était simple : présenter un dossier pour le passeport en choisissant chaque fois une daïra. Afin de dérouter les recherches au niveau des fichiers locaux et centraux de la police, le malfaiteur franco-algérien inversait les derniers chiffres de sa date de naissance qu'il falsifiait ainsi : 1964 devenait 1946. La combine s'est révélée largement payante puisque, coup sur coup, le binational s'est fait délivrer quatre passeports déjà : un de la daïra de Bouzaréah valable de 2006 à 2011, un autre de la daïra de Sidi M'hamed (2007-2012), le 3e de Hussein Dey (2006-2011) et le 4e de Aïn Bessem (2006-2011). Quand il est retourné au service des passeports de cette daïra où il est installé, l'affaire a foiré cette fois, malgré le coup de pouce donné par le chargé de ce service. L'homme se présente le 23 décembre 2007 au service des passeports de Aïn Bessem avec le dossier accompagné d'une déclaration sur l'honneur délivrée par l'APC, attestant que l'intéressé ne s'est jamais fait délivrer ce type de document. Seule la date de naissance est falsifiée : on pouvait y lire 1946 à la place de la date de naissance réelle. Cela a échappé à la vigilance du préposé de ce service, à la commission d'enquête de la P.J de la daïra de Aïn Bessem, et même au niveau du fichier central. Cependant, la falsification a été relevée par un agent du service de l'informatique de la wilaya. L'astuce a été éventée. En intervertissant les derniers chiffres, le même agent découvre le pot aux roses. Cependant, la police, pour prendre le malfaiteur en flagrant délit, rentre dans son jeu et renvoie le dossier à la daïra de Aïn Bessem, qui atterrit au service des passeports. Le chargé s'en saisit et — ce qui démontre à quel degré il est complice dans cette affaire — rétablit l'ordre des derniers chiffres sur le passeport, donnant sur ce document la date exacte de la naissance du bénéficiaire. Présenté au paquet, le fraudeur de passeport a été placé sous mandat de dépôt, tandis que son complice a bénéficié de la liberté provisoire en attendant que l'affaire soit jugée.