Les travailleurs de l'éducation terminent mal l'année. Ils l'achèvent comme ils l'avaient commencée, sur une note pessimiste. Les mouvements de débrayage sont au menu de l'année 2008. Les enseignants structurés dans les organisations autonomes décident de reprendre dès la semaine prochaine les grèves cycliques, seule alternative pour revendiquer leurs droits. Après la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique qui a choisi la mi-janvier pour exprimer à travers une journée de protestation son ras-le-bol de la situation, hier c'était au tour du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) d'annoncer lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de la réunion du conseil national de l'organisation, de deux journées de contestation prévues pour les 12 et 13 janvier. L'enseignant vit dans la précarité. Ce constat n'est certainement pas nouveau et l'amélioration des conditions de travail des enseignants n'est pas aussi pour demain. En ce début de l'année 2008, l'éducateur des générations à venir n'arrive plus à supporter cette chute vertigineuse du pouvoir d'achat. Il avait un espoir dans la grille des salaires mais celui-ci s'est évaporé puisque la pénibilité de la fonction n'a pas été prise en considération dans la nouvelle grille des salaires. La déception Les enseignants avaient fondé également leurs espoirs dans le statut particulier et notamment le point ayant trait au régime indemnitaire mais c'est la déception sur toute la ligne. Il y a un mécontentement général des enseignants : « On ne peut pas continuer à travailler dans des conditions pareilles. Les prix des produits de première nécessité ont doublé et même triplé et le salaire des enseignants reste inchangé. Au Cnapest nous pensons que s'il y a une austérité elle doit être supportée par tout le monde et non pas seulement par les enseignants », a expliqué M. Nouar, coordinateur national du Cnapest et animateur du point de presse. Les enseignants sont très déçus du travail élaboré par les responsables au niveau du ministère. Il y a quelques jours, les syndicats agréés du secteur ont été destinataires d'un document final portant sur le statut particulier de l'enseignant. Un document qui a malheureusement déçu l'ensemble de la corporation du fait qu'aucune proposition formulée par les représentants des enseignants n'a été reproduite dans le projet final qui sera soumis pour appréciation aux responsables de la Fonction publique. « Nous avons étudié le projet et nous avons constaté qu'il ne reflète pas les attentes des enseignants. Nous craignons la suppression de certains acquis arrachés après un long combat », a souligné M. Nouar qui fera remarquer que dans le nouveau régime indemnitaire les enseignants ne savent pas sur quelle base la prime de rendement va être calculée. « Est-ce que sur la base de l'ancien salaire de base ou le prochain ? Le ministère va-t-il corriger l'injustice qui a été commise dans la grille des salaires ou pas ? », s'est interrogé le conférencier. L'autre inquiétude exprimée par le coordinateur du Cnapest est le libre exercice du droit syndical. Certains enseignants, rapporte M. Nouar, ne sont pas considérés dans leur lycée comme des partenaires syndicaux. « Il y a entrave à l'exercice syndical dans les établissements secondaires. Si le ministère persiste dans son comportement de marginalisation des syndicats autonomes, la situation risque l'embrasement. Nous ne sommes pas des exécuteurs de décisions, mais nous avons un droit de regard sur les dossiers importants », a tonné M. Nouar qui annoncera la réunion de l'intersyndicale regroupant plusieurs syndicats autonomes le 3 janvier. Ces organisations vont se concerter sur un programme commun afin d'entrer dans la bataille en rangs unifiés.