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La chronique financière : Le mystère des banques centrales
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2008

La crise financière qui s'est déclenchée durant l'été 2007, appelée à se poursuivre du reste en 2008, a propulsé les banques centrales sur le devant de la scène, au travers notamment de leur fonction régulatrice qui s'est traduite entre autres par une action sur les taux d'intérêt et l'injection d'une masse importante de liquidités pour desserrer l'étau sur les banques en panne de trésorerie.
Les critiques des uns et les avis partagés des autres sur l'entrée en force des banques des banques dans l'arène financière ont démontré, s'il en était besoin, que leur rôle et leurs modes d'intervention demeurent mal connus du grand public. Il est vrai que la complexité des questions monétaires fait que les banques centrales et la conduite de la politique monétaire sont souvent considérées comme des mystères impénétrables, compris uniquement par quelques initiés. Ce halo de mystère est nourri par les médias qui accordent un intérêt plus que mérité aux déclarations des dirigeants des banques centrales lorsqu'ils jugent nécessaire de s'exprimer sur les phénomènes monétaires qui se produisent à un moment ou à un autre comme c'est le cas aujourd'hui avec la crise des " subprime ". Il est encore amplifié par les analystes qui passent leur temps à décrypter les signes monétaires et les décisions prises par les Banques centrales pour évacuer les désordres qui agitent la sphère financière. Bien que les dirigeants des banques centrales réussissent assez bien à prédire les événements, aucun ne possède de boule de cristal. L'avenir n'est clairement visible que lorsqu'on y est arrivé. Et c'est encore plus vrai en matière économique. Ce sujet commence à intéresser les agents économiques et parmi eux les non spécialistes pour deux raisons au moins. La première raison tient au rôle important que joue la politique monétaire dans le fonctionnement de l'économie. Il ne se passe pas un jour sans que l'on parle de l'inflation, de la croissance de la production réelle, des variations du taux de change ou de la baisse ou hausse des taux d'intérêt .Même les citoyens bien informés peuvent difficilement se faire une idée précise des nombreux enjeux et débats économiques s'ils ne possèdent pas au moins une vague compréhension de ce que font les banques centrales et des motifs qui sous-tendent leurs actions. La deuxième raison se rapporte au statut et à la place des banques centrales sur l'échiquier politique et institutionnel de chaque Etat. Dans tous les pays, les banques centrales sont des institutions publiques, mais qui fonctionnent de manière générale en toute indépendance des structures politiques dirigeantes. Elles échappent ainsi aux influences des tenants du pouvoir et c'est compte tenu de la séparation entre la chose politique et la chose monétaire que les banques centrales rendent des comptes à la population par l'entremise des élus. La démocratie monétaire implique le respect de cette règle du jeu. La politique monétaire s'avère parfois si complexe et technique que sa mise en oeuvre est confiée à des experts qui, pour remplir leur mission doivent pouvoir disposer de beaucoup d'information de qualité, c'est apparemment ce qui manque lorsque une crise se déclenche. La question des besoins en matière d'information pour la conduite de la politique monétaire constitue une préoccupation majeure pour les Banques centrales. Pour comprendre le rôle d'une Banque centrale, Il faut admettre qu'un système bancaire ne peut fonctionner efficacement que s'il est alimenté régulièrement par des liquidités. Un assèchement conduit à une crise de liquidités qui peut créer des problèmes à la sphère réelle, c'est-à-dire au système de production et de consommation et peu déboucher sur une crise bancaire systémique engendrant une déflation (baisse générale des prix), alors qu'une abondance de liquidité mal entretenue générera de l'inflation. Le rôle des banques centrales consiste à trouver la juste mesure en faisant jouer les instruments de politique monétaire (taux d'intérêt ou autre par exemple) pour neutraliser les effets pervers du risque d'assèchement ou du risque d'abondance sur l'économie en lui permettant d'atteindre son potentiel de croissance avec une inflation maîtrisée. Un des avantages que procure un bas niveau d'inflation est de réduire l'incertitude et les interférences avec le fonctionnement du système de prix avec pour effet de diminuer les coûts pour la société. Les Banques centrales en ces temps de turbulences s'affirment comme les banques des banques, les régulateurs de la masse monétaire et les prêteurs en dernier ressort. En outre, elles veillent à la sécurité du système bancaire qui ne peut jouer son rôle que si les agents économiques lui font confiance. Elles émettent et veillent aussi au respect d'une importante réglementation visant à ce qu'aucune banque ne puisse faire faillite.

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