On pourrait faire cette analyse suivante : Alger, méfiante, malpolie et généralement de mauvaise humeur, n'aime pas voter pour les présidents déjà élus plus haut. Tamanrasset ou In Salah, si. C'est probablement pour cette raison que le Président est parti le plus loin possible d'Alger, dans la wilaya la plus septentrionale pour se faire élire à l'applaudimètre, cet outil sonore de démocratie directe qui remplace encore les scrutins dans les pays autoritaires. Et en écoutant la phrase du Président lancée en plein désert, « il faut respecter les délais », on ne peut s'empêcher de se demander s'il parlait des délais du changement de Constitution ou des chantiers à réaliser. De mesurer la distance qui sépare la capitale de In Guezzam, 2400 kilomètres, et celle qui sépare le Président d'avril 2009. Car dans la foulée de sa visite pour le démarrage de sa campagne pour un troisième mandat, le Président a inauguré à Tamanrasset le chantier de la transsaharienne qui doit relier In Guezzam à Alger. Un projet déjà inauguré par Houari Boumediène, il y a plus de 30 ans. Que s'est-il passé en 30 ans ? Beaucoup de morts et de mots, mais sur l'état du développement brut, peu d'avancement réel. Que s'est-il passé en 30 ans ? A l'époque de Boumediène, la police politique faisait la pluie et le beau temps, torturait la pluie pour en faire du beau temps. A l'époque de Chadli, la police était prise à partie par des émeutiers qui auront raison d'elle en repoussant ses limites d'impunité. A celle de Boudiaf, de Kafi et Zeroual, elle était prise à partie par les islamistes qui n'auront pas raison d'elle. Et à l'époque de Bouteflika ? C'est l'APS, l'agence officielle, qui l'a donné. Il faut 5000 policiers dépêchés en avion pour assurer la protection du Président. Quel rapport avec la transsaharienne ? Aucun. Sauf que pour tous les Algériens, la route est longue.