Un vent de contestation semble souffler sur l'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger (APW). Des élus se plaignent essentiellement de l'annulation d'un certain nombre de projets touchant différents domaines. A en croire l'un de ces élus, le montant des projets annulés est de 600 millions de dinars (60 milliards de centimes). Ces projets étaient notamment prévus pour la fin de l'année 2003 et le début de l'année 2004. L'exemple le plus frappant est, sans doute, celui de l'annulation des trousseaux scolaires destinés aux écoliers pour l'année scolaire 2004-2005. Un projet d'un budget de 8 milliards de centimes. A noter également l'annulation des projets en rapport avec le chauffage dans les établissements d'enseignement secondaire (1 milliard de centimes) et les sanitaires prévus pour les établissements scolaires (5 milliards de centimes). Il était prévu aussi pour la même année 2004, la réalisation d'aires de jeux et de stades dans différents quartiers de la capitale. Des projets qui ne verront pas le jour. Les élus contestataires estiment, en outre, que les arguments avancés pour l'annulation de ces projets sont généralement « très discutables ». « Pour le projet lié à l'installation du chauffage dans les lycées, l'argument avancé est que ces établissements ne sont pas connectés au réseau de gaz. Il vaudrait mieux alors adopter un projet pour l'introduction du gaz dans les lycées où se pose ce problème », rétorque un élus. Les élus qui ont mis ces questions sur le tapis sont d'autant plus exaspérés que les sommes prévues pour les projets annulés ont été affectées à des projets « qui n'ont pas été adoptés par les élus et qui plus est ne sont pas censés bénéficier de ces subventions ou qui n'en ont pas forcément besoin ». Les sommes en question auraient été attribuées à certaines communes sous forme d'aide. « 45 millions de dinars ont été dépensés pour la réalisation d'un stade sous prétexte que l'APC les a sollicités de l'APW. Les APC n'ont pas à demander des subventions de l'APW mais de la wilaya », martèle un élu qui ajoute qu' « une partie de l'argent a été également dépensée pour des travaux d'assainissement au profit d'une coopérative immobilière. Or, c'est aux membres de la coopérative de prendre en charge ce genre de dépenses et non pas à l'APW. » Par ailleurs, certains élus n'hésitent pas à accuser leurs pairs de favoriser les communes dirigées par leurs partis respectifs lors de l'adoption de certains projets. Pour en savoir plus, nous nous sommes entretenus avec le président de l'APW, Mahmoud Zaïm. Celui-ci nous dira que les projets supprimés l'ont été pour des raisons tout à fait objectives concernant le chauffage et les sanitaires au niveau des établissements scolaires. Le président de l'assemblée a tenu à rappeler qu'il a lui-même rendu visite à certains de ces établissements où il a constaté que la situation dans laquelle se trouvait ces écoles était alarmante. « Les élus qui ont visité à leur tour ces établissements ont été choqués (...) dans certaines écoles les élèves sont contraints de ramener des gourdes d'eau pour boire, alors (...) d'autres grelottent de froid et sont obligés de porter des manteaux dans les salles de classe », indique M. Zaïm. Celui-ci dira que l'assemblée a décidé de débloquer 100 millions de dinars pour régler le problème de l'assainissement et 100 millions de dinars pour le chauffage. D'après notre interlocuteur, le séisme du 21 mai 2003 a retardé ces projets. Les directions chargées étaient occupées à reconstruire ce qui a été détruit par le tremblement de terre. « Nous nous sommes dit alors qu'il ne serait pas judicieux de laisser les fonds destinés à ces projets bloqués », note M. Zaïm, qui ajoute : « J'ai pris la responsabilité avec certains élus d'affecter cet argent à d'autres projets suite à la sollicitation de certaines communes. Chose qui n'a pas plût à certaines personnes. » Pour le P/APW, les APC ont tout à fait le droit de demander l'aide de l'APW. « La loi me permet de prendre ce genre de décision et j'userai de mes prérogatives jusqu'au bout. » Evoquant la question des trousseaux scolaires, M. Zaïm dira que l'opération n'a pas été effectuée cette année en raison du retard accusé par la commission des marchés « qui n'a pas fait son travail dans les délais », signale-t-il et d'ajouter : « Un mois après la rentrée rien n'a été fait, alors que la procédure (appel d'offres, etc.) prend trois mois. Nous ne pouvions pas distribuer les trousseaux scolaires en janvier. Nous avons pensé nous rattraper à l'occasion de l'Aïd, mais nous n'avons pas eu assez de temps en plus nous ne savions pas s'il fallait donner de l'argent ou bien des trousseaux scolaires. » M. Zaïm dira : « Ce problème nous a fait mal au cœur, mais ce qui fait le plus mal, c'est l'attitude de certains élus qui votent pour la suppression de certains projets et qui font des critiques après. » Le P/APW a tenu à préciser que la suppression de certains projets n'est pas définitive. « Nous avons affecté l'argent à des projets urgents mais dès que la possibilité se présentera nous réinscrivrons ces projets supprimés ».