L'activité de l'audit et du contrôle interne des entreprises peine à se développer au sein des entreprises algériennes. Malgré la mise en circulation par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des Investissements (MIPI), en janvier 2007, d'une disposition portant sur la mise en place, au niveau de chaque entreprise publique économique (EPE), d'une structure d'audit et de contrôle interne, force est de constater que cette activité est toujours quasiment ignorée par les chefs d'entreprise. Hier, lors d'une rencontre organisée conjointement par le cabinet Deloitte Algérie et l'association des Auditeurs consultants internes algériens (AACIA), des experts français et algériens ont présenté une proposition dans le cadre d'« une démarche susceptible de contribuer à un avancement accéléré et à une meilleure visibilité des parties prenantes de cet enjeu majeur pour une meilleure gouvernance des entreprises algériennes ». Selon le président de l'AACIA, Noureddine Khetal, excepté quelques grandes entreprises qui enregistrent progressivement des avancées significatives en matière de contrôle interne et d'audit, « un grand nombre d'entreprises sont au stade du balbutiement, voire ignorent carrément ces concepts ». Il fera savoir qu'outre l'insuffisance de textes de loi pouvant influencer positivement le contrôle et l'audit interne (l'instruction du MIPI rédigée en 60 mots), beaucoup d'entreprises continuent d'observer un embrouillement dans les concepts, confondant audit et contrôle de gestion, audit de qualité interne et autres. Tout en avouant que des auditeurs peu soucieux du respect des normes ont quelque peu porté préjudice à la profession, le président de l'AACIA souligne cependant que la fonction audit demeure toujours sous-dimensionnée et les auditeurs négativement perçus dans l'organisation des entreprises. En matière de formation, il est mis en exergue la difficulté de recrutement et de formation d'un personnel adéquat et le manque de profils dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle les experts auditeurs de l'association et du cabinet Deloitte appellent les pouvoirs publics et les entreprises concernées à promouvoir cette profession et faire en sorte que cette activité puisse trouver son ancrage dans les entreprises algériennes. Ils ne manqueront pas d'insister sur la nécessité de renforcer la formation des auditeurs, d'encourager les compétences mais surtout de bannir la méfiance à l'égard du contrôle. « Les managers doivent comprendre que le contrôle interne apporte une meilleure maîtrise des activités et des risques, et que l'audit interne est un outil d'évaluation du contrôle interne », concluent-ils.