Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas exposé en Algérie. Mais la remarque est peut-être superflue à propos d'une artiste qui, depuis ses débuts, n'est pas connue pour avoir beaucoup exposé. Elle est de ceux qui produisent plus qu'ils ne se produisent et elle ne s'est apparemment jamais préoccupée de sa notoriété. Dans les milieux artistiques cependant, il est peu de personnes qui ne la connaissent pas. Etudiante en communication visuelle à l'Ecole des beaux-arts d'Alger jusqu'en 1977, elle a complété sa formation à l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Luminy (Marseille). Durant plusieurs années, elle a enseigné à Alger et les élèves de plusieurs promotions des beaux-arts se souviennent d'elle, comme de son mari et collègue, Mustapha Goudjil. Appréciée de quelques amateurs d'art avertis qui ont pu découvrir ses œuvres lorsqu'elle exposait à la galerie Esma, elle s'est installée à Marseille à la fin des années 80. Depuis, elle a participé à plusieurs expositions en France, en Tunisie et au Maroc, elle s'occupe aussi de l'Association Rivages vouée aux échanges entre les cultures méditerranéennes, notamment dans l'art contemporain. Mais, en dépit de ses tentatives, elle n'avait jamais eu l'occasion de présenter son travail au pays, sauf par quelques rapides apparitions. Son exposition à la Galerie Arts en Liberté* va permettre au public de découvrir ses créations et, pour certains, l'artiste. L'univers d'Akila Mouhoubi mérite le détour. Sa légèreté, à la limite de l'évanescence, dégage pourtant une impression d'énergie qui résulte plus d'un cheminement intérieur que de l'interprétation de la réalité ou de l'expression de concepts. C'est une peinture de l'émotion qui prend source dans son être et prend souvent la route d'une spiritualité ressentie sans que cette dernière n'ait besoin de discours. Cela est visible dans la suprématie accordée aux couleurs par rapport aux formes, rares et réduites à la plus simple expression, ce qui, paradoxalement les relève. De ce point de vue peut-être, elle pourrait être rapprochée de la démarche d'Ali Khodja, doyen des peintres algériens, encore que ce dernier accorde aux couleurs de plus forts contrastes et tonalités quand, chez Mouhoubi, tout évolue dans un monde embué où suintent souvenirs et projections. C'est aussi un monde du dépouillement où rien n'est superflu, rien n'est excessif. Dépourvu de signes qui pourraient guider ou faciliter la lecture, il demande seulement qu'on y entre pour en approcher les significations et en saisir la beauté. Une fois ce seuil passé, la magnificence apparaît et l'on peut se croire en face de vieilles enluminures revisitées par l'art contemporain et les rêveries inextinguibles d'une petite fille secrète. *Vernissage, jeudi 17 janvier 2008 à partir de 15 h. Exposition jusqu'au 7 février.