La décision de la Libye d'expulser ses deux millions d'immigrants clandestins est contraire au droit international, une partie d'entre eux risquant d'être soumis à la torture une fois rapatriés, a estimé vendredi Amnesty International. Tripoli a annoncé mercredi dernier avoir commencé à expulser tous ses immigrés clandestins, originaires pour la plupart de pays africains déshérités, avant qu'ils ne puissent tenter la périlleuse traversée vers l'« Eldorado » européen. « Nous invitons les autorités libyennes à ne pas mettre en œuvre ce qui semble être une décision hâtive qui risquerait de bafouer les droits de, potentiellement, plusieurs centaines de milliers de personnes, y compris des femmes et des enfants », a souligné un responsable de l'ONG de défense des droits de la personne, Philip Luther, dans un communiqué. Vendredi dernier, les ministres des Affaires étrangères du Niger et du Mali ont regretté le manque de concertation avec la Libye. Selon RSF, bon nombre des personnes visées par cet arrêté sont des immigrants clandestins mais les autorités semblent faire peu de différence entre les immigrants et les demandeurs d'asile qui, tels que les Erythréens, fuient les persécutions dans leur pays en raison de leurs opinions politiques. Il a fait état d'allégations persistantes de torture et de mauvais traitements sur la personne de clandestins en Libye et a invité les autorités à leur donner des soins médicaux et la possibilité de contester leur détention devant les tribunaux. Tripoli est l'objet de pressions intérieures pour s'attaquer au problème des clandestins, accusés par les responsables et l'opinion publique de répandre l'insécurité ainsi que des maladies et d'occuper des emplois au détriment des jeunes chômeurs libyens. La Libye est également sous pression de l'Italie, son voisin au-delà de la mer, et des autres Etats de l'Union européenne pour endiguer le flot des immigrés clandestins. Les responsables et les médias libyens évaluent à deux millions ou plus le nombre de clandestins, pour la plupart issus de pays de l'Afrique sub-saharienne. Les autorités libyennes ont reçu l'ordre de détruire les logements et abris de fortune où se cachent la plupart des clandestins à la périphérie de Tripoli et des autres grandes villes du littoral méditerranéen.