En parvenant à faire leur symbolique sit-in face à la direction de l'Education, les lycéens de Mostaganem auront incontestablement réussi à contourner tous les obstacles qui avaient été dressés pour les en dissuader. Car ce n'est qu'au bout de plusieurs tentatives qu'un groupe finira par se retrouver face au grand portail qui ferme l'accès de cette administration. La veille, alors que le mouvement de grève était bien enclenché dans la plupart des classes de terminale, des grappes de lycéens avaient opté pour une marche vers la direction de l'Education, située aux confins du boulevard Khémisti. Mais il leur fallait compter avec les innombrables barrages flottants que la police avait soigneusement installés sur tous les accès. Les agents qui avaient apparemment reçu des consignes de fermeté, les en dissuaderont sans force, ni violence. Les quatre élèves du lycée Zerrouki qui ont été interpellés non loin du lycée Khémisti seront vite relâchés. Leurs camarades qui ont assisté à l'interpellation parviendront à garder calme et sérénité. Ce sont surtout les jeunes filles qui s'étaient portées au devant de la marche. Certaines n'hésitaient pas à galvaniser les garçons qui commençaient à douter. Finalement, cette première confrontation avec les forces de l'ordre finira comme elle avait commencé, c'est-à-dire dans le strict respect des droits humains. L'interpellation qui se voulait surtout dissuasive, aura certainement provoqué un déclic chez les lycéens qui décideront d'une démarche alternative. Ils élaboreront une tactique qui s'avèrera payante, puisqu'au lieu de se rendre en groupe jusqu'à la direction de l'Education, ils optèrent pour s'y rendre individuellement. C'est ainsi que lundi matin, alors que le jour commençait à peine à se lever, ils se retrouveront à plusieurs dizaines en face de la grille métallique qui ferme l'entrée de la DE. Dansant et chantant à tue-tête, ils finiront par clamer leurs slogans hostiles au contenu et à la lourdeur des programmes découlant de la réforme telle que mise en place par le ministère de l'Education. Cette première victoire, ils sont décidés à la consolider par de nouvelles actions de protestation. Nos nombreux interlocuteurs semblaient très informés des implications de cette réforme dont ils ne veulent plus. Tous diront leur détermination à poursuivre le mouvement jusqu'à l'abrogation de cette réforme et la mise en place d'un programme d'enseignement moins chargé et plus attractif.