Les Américains vont très certainement devoir réviser leur stratégie pour faire juger Saddam Hussein par procuration par un tribunal irakien sous leur totale emprise. Lors de sa première comparution devant le Tribunal spécial irakie (TSI), la presse internationale aura été unanime à relever que l'ancien Président déchu a indéniablement marqué des points face à ses juges et, à travers eux, aux pays de la coalition avec à leur tête l'Administration Bush. Saddam, qui s'est présenté devant la cour sans ses avocats engagés dans une bataille judiciaire et procédurière avec les autorités irakiennes pour obtenir des garanties d'un procès régulier pour leur client, avait assuré lui-même sa propre défense en se montrant tout aussi ferme dans ses convictions et déterminé à ne pas cautionner ce qu'il considère être une parodie de procès. D'entrée de jeu, Saddam a planté le décor en rejetant la légitimité du tribunal qu'il a qualifié de « théâtre pour la campagne électorale de Bush » avant de refuser de signer l'acte d'accusation comportant pas moins de sept chefs d'accusation, dont le tribunal s'efforcera à obtenir la qualification de crime contre l'humanité pour ne laisser aucune chance à Saddam, aussi mince soit-elle. Nullement affaibli par le sort qui est aujourd'hui le sien et les conditions difficiles de sa clandestinité et ensuite de sa captivité, Saddam est apparu comme un homme d'une grande lucidité assumant fièrement tous ses actes à la tête du pays, à commencer par l'invasion du Koweït, et résolument déterminé à faire de son procès celui de George Bush si toutefois les Américains consentent à en faire un procès régulier et public.