Le nouveau musée multiplie les manifestations dans la foulée d'Alger, capitale de la culture arabe et accueille des femmes artistes de plusieurs pays.Faut-il dire femmes-artistes ou artistes-femmes ? C'est cette dernière expression qui semble présider à la conception de l'exposition L'Art au féminin qui ouvre ses portes au public à partir de dimanche prochain.Ainsi que le souligne la commissaire d'exposition, Mme Laggoune, dans le catalogue, il ne s'agit pas de faire croire à l'existence d'un art spécifiquement féminin mais de signaler l'existence, dans le monde arabe, d'une production issue des femmes et liée aux tendances les plus neuves d'expression plastique. Cette production demeure souvent méconnue ou négligée. Aussi, ramener les œuvres présentées au statut sexuel de leurs auteures serait une manière de négliger justement leur art. Les visiteurs sont donc invités à découvrir des démarches créatives diverses produites par 26 artistes venues de huit pays arabes : l'Algérie, l'Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Tunisie. La sélection ne visait pas une représentativité des pays mais plutôt des genres et des techniques qui s'inscrivent dans l'art contemporain. On pourra ainsi contempler des peintures mais aussi des photographies, des installations d'objets, des productions d'art vidéo… La richesse de ces procédés donne un ensemble étonnant et attachant d'originalité. Les organisateurs ont choisi, pour illustrer le catalogue et les affiches de la manifestation, une œuvre de l'artiste palestinienne Raeda Sa'adeh intitulée Mona Lisa (voir photo ci-jointe). Ce « détournement » fantastique de la fameuse Joconde met en scène l'artiste elle-même devant un paysage de la Palestine ressemblant de manière troublante à celui peint par Léonard de Vinci. La performance technique peut se doubler ici d'une interprétation à deux niveaux : la rupture de l'art moderne et contemporain avec le classicisme et une allusion au déni de reconnaissance d'un peuple et d'un territoire. L'examen des parcours de l'ensemble des artistes montre qu'elles disposent pour la plupart d'une solide formation en arts et que, même pour les plus jeunes, la reconnaissance de leur travail au niveau international leur est pour ainsi dire acquise, ce qui n'est pas toujours évident dans leurs propres pays. A contrario, on constate que des pays comme les Emirats arabes unis investissent de plus en plus dans l'art. A signaler que la très intéressante exposition sur la photographie contemporaine se poursuit encore.