Le poète Aboubakeur Zemmal a fondé en 2007 l'association El Beyt pour la culture et les arts, qui a pour but de constituer la première bibliothèque poétique arabe. Dans cet objectif, l'association a édité une série de 17 anthologies qui couvrent toutes les œuvres du monde arabe. Chaque œuvre fait découvrir des poètes en accompagnant chaque groupe du texte de la biographie de l'auteur. L'année dernière, grâce aux subventions du ministère de la Culture, 1221 livres ont pu être édités et distribués aux bibliothèques universitaires et centres culturels. L'Etat devrait continuer à attribuer des aides, mais El Beyt est à la recherche d'autres soutiens financiers qui pourraient contribuer à son autonomie. Cette première publication est le commencement d'un projet de longue haleine qui vise à élaborer une anthologie universelle de la poésie. D'autres recueils d'auteurs grecs, turcs et français sont en préparation mais demandent un important travail de traduction. Cette collection a été conçue en vue de devenir l'outil de référence des étudiants et des chercheurs souhaitant avoir une vue d'ensemble de cet art. L'association projette de la traduire en français. « Cet été, lorsque je suis allé au Festival de la poésie à Lodève, je me suis rendu compte qu'il y avait une vraie demande de la part des Français concernant la poésie arabe contemporaine », affirme Aboubakeur Zemmal. En 2008, l'association prévoit d'organiser un cycle de conférences sur la traduction et elle se prépare à éditer en mars une anthologie consacrée aux poètes algériens qui se sont suicidés ou qui ont été assassinés. Une exposition-photos devrait avoir lieu à la même époque pour faire découvrir au public le visage souvent méconnu de ses artistes. L'idée date de trois ou quatre ans, mais il a fallu un important travail de recherches pour arriver à sa concrétisation. Dix-sept auteurs seront ainsi honorés parmi eux on retrouvera Safir Kettou et Tahar Djaout. L'association est ouverte à tous, il n'y a pas de conflit entre arabophones, berbérophones et francophones, en témoigne le livre intitulé Moudoun Katiba. Cet ouvrage mêle des textes aussi bien en français qu'en arabe de 31 écrivains décrivant une douzaine de villes algériennes. Selon Aboubakeur Zemmal, membre de l'Union des écrivains algériens et de l'association El Ikhtilef, la naissance d'El Beyt a été le résultat « d'un combat acharné pour obtenir l'agrément nécessaire ». Mais d'après lui, le jeu en vaut la chandelle car cette association est une véritable opportunité pour les Algériens de découvrir la diversité de leur littérature.