Les caméras du monde entier se sont braquées sur les Palestiniens de Ghaza vidant les magasins égyptiens. Mais ces derniers n'étaient pas intéressés que par des achats. Beaucoup d'entre eux ont franchi la frontière pour respirer un air de liberté. Ils l'ont fait savoir quand l'occupant israélien voulait faire croire à un retrait de ce territoire, alors même qu'il n'avait en réalité que déplacé les accès tout en les restreignant. C'est là l'expression du déferlement de ces dernières semaines, et finira-t-on par constater, il n'y a pas pire sourd que celui qui refuse d'entendre maintenant que les murs se sont refermés et que l'Egypte menace de « briser les jambes » de quiconque violera sa frontière. A leur manière, les Palestiniens ont soulevé un problème vieux de plusieurs décennies, et qui est celui de l'occupation israélienne, et rien d'autre. Prendre fait et cause pour l'occupant, pire, pervertir la réalité en lui reconnaissant un droit à la légitime défense, est quelque chose de très grave, en ce sens qu'il encourage toutes les formes d'injustice. Bien entendu, Israël en profite pour bloquer toute perspective de règlement, en déclarant de manière unilatérale que la bande de Ghaza est « une entité hostile ». Une manière de se dérober à ses obligations de puissance occupante telles que prévues par les conventions internationales : la gestion de la guerre, et d'une manière générale la protection des populations en zones occupées. Les Palestiniens en sont privés puisque n'accédant pas au minimum vital qui préserverait leur intégrité physique, les Israéliens ayant pour cela coupé l'alimentation en électricité et réduit, sinon suspendu, l'approvisionnement des Palestiniens en denrées alimentaires, entendre par là principalement l'aide alimentaire qui leur permet de survivre. Parce que depuis 1967, Israël a entrepris la destruction systématique des réseaux et circuits économiques des Palestiniens pour en faire une population dépendante de son geôlier israélien. L'universitaire suisse, Jean Ziegler, chargé par l'ONU d'une enquête sur l'alimentation des Palestiniens, a conclu que c'était là une arme utilisée par la puissance occupante. Pendant ce temps, le monde se perd en conjectures et se prend à disserter sur les Palestiniens comme d'une entité hostile, alors que celle-ci manifeste par tous les moyens son opposition à l'occupation. Même l'ONU persiste à son corps défendant, il faut bien l'admettre, dans le traitement à la carte puisqu'elle a décidé de clore un débat qu'elle venait à peine d'entamer. Un fait rare, parce qu'il porte sur la situation humanitaire à Ghaza, mais dangereux en voulant à tout prix défendre ce qui ne peut l'être. Les Palestiniens n'ont envahi aucun territoire. Ils ne demandent qu'à vivre en liberté. La justice et rien d'autre. Cela ne fait pas d'eux des assaillants.