A l'entrée de l'école de l'enseignement paramédical de Hussein Dey, à Alger, aucun signe de grève n'est visible. Ni banderoles accrochées aux murs ni foule dans la cour. En s'enfonçant dans l'immeuble, on constate qu'il y a des classes qui font cours en cet après-midi du premier jour de la grève de trois jours à laquelle a appelé l'intersyndicale de la Fonction publique. « Ce sont les vacataires », nous précise un enseignant rencontré dans un couloir de cet établissement qui compte quelque 740 étudiants. Préférant témoigner sous le sceau de l'anonymat, ce professeur, qui a dans sa carrière 26 ans de service, affirme avoir suivi le mot d'ordre de grève lancé par l'intersyndicale. « J'adhère entièrement aux revendications que porte cette structure syndicale », atteste-t-il, jugeant « inconcevable » que l'enseignant paye de sa poche la documentation nécessaire pour la formation qu'il assure. « Non seulement nous avons des salaires bas, mais nous nous retrouvons souvent contraints de dépenser 8000 à 10 000 DA dans des livres et autres documents et matériel indispensables pour la formation. De toute façon, nous ne leur demandons pas l'aumône », lance-t-il avec désolation. Un autre enseignant nous fait savoir qu'après 19 ans de service à l'école, il perçoit à peine une mensualité de 31 000 DA. « Savez-vous ce que représente ce salaire sur le marché des produits alimentaires ? Rien ! Oublions donc de parler du transport, du logement, de la scolarité des enfants et des soins médicaux », fulmine-t-il.« En plus du statut, des primes, du régime indemnitaire et de la suppression de l'article 87 bis, nous demandons que nos salaires soient désormais indexés sur la base du taux de l'inflation », indique-t-il. A l'intérieur de l'école, toujours aucune affiche appelant à la grève. « Nous avons collé quelques affiches au mur, mais une main invisible les a arrachées. Certains enseignants ont été même approchés par des gens qui se réclament de l'UGTA, leur demandant de ne pas suivre la grève », fait remarquer Smaïn Hadjih, secrétaire général du Syndicat national des professeurs de l'enseignement paramédical (SNPEPM), pour lequel la grève a été relativement suivie. « Elle a été suivie à hauteur de 50%. Je n'ai pas une évaluation exacte du fait qu'il y a des enseignants qui n'ont pas cours aujourd'hui. Mais aussi du fait que les vacataires constituent le double de l'effectif des enseignants », explique-t-il. Les vacataires n'ont pas fait grève. « Ce n'est pas que nous n'adhérons pas à ce mouvement de grève, mais parce que nous pouvons perdre notre place », avoue une enseignante vacataire qui exprime son insatisfaction de la situation socioprofessionnelle. M. Hadjih évoque la « peur » des enseignants de subir des représailles de l'administration centrale. Comme les autres syndicats autonomes, le SNPEPM demande la prise en charge des vacataires. Cela en plus de la revalorisation du point indiciaire, de la révision du régime indemnitaire et l'abrogation de l'article 87 bis qui bloque les augmentations des salaires. « Le statut particulier est globalement bon, mais nous émettons des réserves sur la classification des corps et grades », souligne M. Hadjih qui relève aussi la suppression de deux indemnités qui représentent 10 000 DA du salaire de base de cette catégorie des enseignants. Il s'agit, selon lui, de l'indemnité de sujétion spéciale (ISS) et de l'indemnité complémentaire du revenu (ICR). « Elles ont été supprimées, mais nous ne savons pas par quoi elles seront remplacées », précise-t-il, ajoutant que c'est pour cela que le syndicat a demandé à être associé à la commission chargée du dossier au niveau de la direction générale de la Fonction publique.