L'année 2009 sera celle de la culture africaine. Nous avions annoncé le retour à Alger du festival panafricain, quarante ans après l'immense et belle fête qui marqua toute une génération. Comment sera celui à venir ? La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a assuré que le programme sera prochainement élaboré et proposé au gouvernement. En 2009 aussi, Dakar accueillera le Festival Mondial des Arts Nègres, troisième du genre. Fondé en 1966 par l'écrivain et président Senghor, l'événement était imprégné de son concept de « négritude ». Critiqué çà et là, il avait reçu du nigérian Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature, cette flèche, imbibée d'humour au curare : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude… ». Depuis, l'expression « arts nègres » a tendu vers une dénomination générique des expressions artistiques du continent. Les organisateurs du Fesman III, sous la houlette du président Wade, ont tenu à préciser qu'elle n'était plus que « repère et référence historique » et devait être réactualisée. Ils ajoutent que « les interrogations sceptiques et les critiques d'anachronisme sur le libellé du Festival doivent s'inscrire dans la réflexion générale sur la place d'une Afrique encore dominée et marginalisée dans le monde d'aujourd'hui ». C'est donc sous l'enseigne de la diversité culturelle qu'ils se placent. Ainsi, l'écrivain algérien Mohamed Magani a été nommé ambassadeur de bonne volonté parmi de nombreuses personnalités composant divers comités. Entres autres : Nelson Mandela, le Roi Mohamed VI, le réalisateur Spike Lee, l'écrivain Eric Orsenna, l'acteur Sidney Poitier, le musicien et ministre de la culture du Brésil, Gilberto Gil, le chanteur Youssou Ndour, Oprah Winfrey, première fortune féminine mondiale du showbiz et soutien de Barack Obama, etc. On annonce aussi Stevie Wonder en vedette et Aimé Césaire en parrain. Après plusieurs reports, de 2007 à 2008 puis à 2009, glissant de février à décembre, le Fesman III s'est fait désirer. Et si l'on veut que le raid culturel Alger-Dakar qui se dessine ait lieu, nous avons intérêt, pour notre part, à nous presser un peu. Pour finir, ces mots de Soyinka encore, retenu lui aussi comme ambassadeur du Fesman III. Il avait déclaré : « Il y a des gens qui pensent que le prix Nobel vous rend insensible aux balles… »Pas plus que le Fesman ou le Panaf, dira-t-on. Car, lorsqu'on les entend siffler au Tchad, au Kenya, chez nous et un peu partout en ce continent meurtri, il faut vraiment s'efforcer de croire que la culture reste le meilleur gri-gri ou herz que l'humanité ait trouvé contre la haine. Et pourtant, elle l'est.