La faculté des sciences économiques et de gestion de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou organise depuis hier un colloque international sur le thème de « La décentralisation au service du développement local ». Plusieurs chercheurs étrangers exerçant notamment dans les universités françaises prennent part à cette rencontre scientifique d'une durée de deux jours. Les universitaires ont mis l'accent sur deux points essentiels conditionnant la mise en œuvre d'une telle réforme de l'Etat. « Le choix des compétences transférées est la décision la plus importante dans le processus de décentralisation. » Second axe souligné par les intervenant : « La décentralisation n'existe véritablement que si les compétences transférées sont exercées au sein des collectivités par des élus ayant une légitimité démocratique suffisante. » Le professeur Essaid Taieb, de l'Ecole nationale d'administration (ENA), a traité de la « problématique de la régionalisation en Algérie », qui constitue, a-t-il souligné, une « thématique récurrente dans le débat national, notamment sur le plan de l'aménagement du territoire, de la planification économique et du développement local ». L'universitaire a évoqué les avancées que peut induire la régionalisation : l'efficacité administrative (l'Etat central et les collectivités locales ont montré leurs limites dans la gestion du local) ; le développement économique qui ne peut être contenu dans des limites territoriales administratives étroites ; la démocratisation politique, dans la mesure où les acteurs politiques ne s'appuient pas sur une base électroale mais sur un socle sociologique ; la production d'élites locales, actuellement trop atomisées pour constituer des relais légitimes, crédibles et efficaces. Autant de mutations positives attendues d'un processus qui n'est qu'au stade embryonnaire de l'étude au niveau des universités, même si le sujet est amplement développé dans certains programmes politiques. Entre l'exposé des universitaires et les options défendues par des acteurs politiques, la réalité du terrain est souvent à rebours des axes de réflexion engagés. Même si le colloque se tient à Tizi Ouzou, la situation générale prévalant dans la région n'a pas été intégrée dans la thématique proposée. Le « suffrage universel » souligné par les conférenciers pour mettre en place une « démocratie locale réelle », est l'exact contraire de la voie prise dans la région ces dernières années, où l'option la plus ferme est celle du rejet des élections. S'agissant du « transfert des compétences » au profit des collectivités locales, l'administration centrale ne s'est manifestée ces dernières années que par une sorte de transfert « l'effort de guerre ». La précédente APW de Tizi Ouzou a longtemps et vainement protesté contre la décision du gouvernement d'affecter au paiement des salaires de la garde communale la moitié du budget de wilaya, représentant le Fonds commun des collectivités locales.