Le ministre d'Etat britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth, Kim Howells, a exclu hier la publication par les Nations unies du rapport élaboré, en 2006, par le Haut commissariat aux droits de l'homme (le Conseil des droits de l'homme actuellement) sur la situation des droits humains au Sahara occidental. Kim Howells a précisé que « le Haut commissariat a élaboré son rapport en septembre 2006 (...), néanmoins, l'ONU maintient sa décision de la non-publication de ce rapport, dès lors que nous ne nous attendions pas à ce qu'il le soit », a-t-il dit. Il n'a cependant pas précisé les raisons pour lesquelles les Nations unies persistent à garder le rapport confidentiel, en dépit des appels incessants des organisations des droits de l'homme pour sa publication, ni les démarches que le Royaume-Uni pourrait entreprendre dans ce sens. La France qui soutient le Maroc dans sa colonisation du Sahara occidental serait, croit-on savoir, derrière la décision de la non-publication du document. Contacté, El Khalil Sid M'hamed, ministre des Territoires occupés sahraouis, a estimé que « la Grande-Bretagne ne peut que condamner le caractère colonial et génocidaire au Sahara occidental et être en faveur de la publication du rapport du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, en tant que membre du Conseil de sécurité ». Le ministre sahraoui a tenu à rappeler que le rapport de la commission onusienne (HCDH) sur le Sahara occidental a « mis en lumière les exactions marocaines » et le « déni de justice », dont est victime le peuple sahraoui. Il a également averti que l'Onu qui se trouve depuis 17 ans au Sahara occidental a une responsabilité pour superviser un référendum d'autodétermination et faire aboutir le processus de décolonisation. La commission du HCDH, qui avait élaboré le rapport après une visite dans les territoires occupés du Sahara occidental en mai 2006, avait mis en lumière les violations des droits de l'homme commises par le Maroc. Le rapport du HCDH affirmait même que l'autodétermination est un « droit fondamental » du peuple sahraoui qui doit en jouir « sans plus de retard ». Mais la publication de ce rapport n'a pas vu le jour sous la pression de certains pays qui continuent de soutenir le colonisateur du Sahara occidental. Il reste que cette fâcheuse annonce du ministre intervient au moment du lancement d'une vaste campagne de solidarité au sein de la chambre basse du Parlement britannique en faveur de la cause juste du peuple sahraoui en lutte pour son droit à l'autodétermination, conformément aux décisions de la légalité internationale. En novembre 2007, des dizaines de députés avaient signé une motion sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. Les députés britanniques ont exhorté leur gouvernement « à continuer à œuvrer pour garantir la libération de tous les détenus d'opinion sahraouie et permettre l'accès des observateurs internationaux et des médias aux territoires occupés ». La motion appelle le gouvernement britannique à poursuivre « le soutien des efforts onusiens afin de parvenir à un règlement juste du conflit du Sahara occidental (...) garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ».