Les forgerons de la ville d'Akbou au nombre de huit se plaignent de la pénurie du charbon enregistrée ces derniers temps. Aussi, sont-ils contraints de se rabattre sur son ersatz, le charbon de bois pour alimenter leurs fours. « Nous sommes confrontés depuis quelques temps à la pénurie du charbon. De plus, lorsqu' il se trouve, ce produit de mine nous est cédé à 8500 DA, ce qui est trop cher. C'est avec du bois et du charbon de bois que nous faisons tant bien que mal fonctionner nos forges. Cela nous complique la besogne déjà pénible en elle-même », nous dit Haddad Ali forgeron ayant pignon sur rue à Akbou. Le local qui lui servait de forge est un réduit situé à la rue des artisans et dont l'aspect extérieur reflète son intérieur sommairement équipé. Les outils de la forge se réduisent à une enclume posée sur tronc d'eucalyptus, un marteau, un soufflet pour le four, on se croirait à l'âge de fer, n'était l'appareil à souder, seule discordance au décor. Cette survivance du passé, menacée de disparition par la modernité et par la faute de relève, est mise à mal par la crise du charbon. Cette dernière ne manquera pas également d'avoir des retombées sur son corollaire l'agriculture vivrière. Par ailleurs, la solution de rechange qui consiste à opter pour le charbon de bois se fera au détriment de l'arbre, nécessaire à l'équilibre écologique. « Si les pouvoirs publics ne remédient pas à la situation, nous serons obligés de mettre la clé sous le paillasson », souligne notre interlocuteur. La disparition de cette profession héritée de père en fils entraînera dans son sillage tout un pan d'une culture millénaire et d'un mode de vie.