Apres une période d'éclipse, l'art dramatique réinvestit le terrain, au grand bonheur du public. En effet, mardi dernier, le rendez-vous au théâtre régional Azzedine Medjoubi (TRA) était avec la pièce El Mouftarissoune (féroces) du réalisateur Ahmed Ben Aïssa. Adaptée d'une nouvelle théâtrale de l'écrivain Mourad Bourboune, datant des années 1970, et présentée pour la deuxième fois à Annaba, après Alger, cette production raconte des événements survenus dans un bain maure d'une ville du Mahgreb, confrontée à une grave pénurie d'eau. Le précieux liquide sera à l'origine de conflits acerbes entre « les puissants » et « les faibles ». Ainsi, l'accès à l'eau devient problématique en raison des mesures draconiennes régissant cette denrée, lesquelles s'avéreront sources de fléaux sociaux, entre autres, la corruption. Un bras de fer s'engagera alors entre les forces en présence, pour avoir mainmise sur le bain maure. Recourant aux manipulations et aux mensonges ou autres subterfuges, les « féroces » (El Mouftarissine) finiront par semer la discorde au sein de la majorité, et par là même réaliser leurs desseins. Cette pièce véhicule des positions politiques en rapport avec les réalités dans les sociétés maghrébines et arabes, aussi le choix du bain maure, qui est le lieu de « l'énonciation » n'est pas fortuit. Il est l'endroit par excellence où s'expriment les contradictions, les mensonges et les rumeurs de toutes sortes. Les comédiens Kamel Kerbouz, Noura Benzerrari et Yacine Zaïdi campent les principaux rôles dans cette pièce, qui a suscité l'admiration d'une assistance moyenne présente au théâtre régional Azzedine Medjoubi.