La révision à la baisse des prévisions de croissance pour l'année 2008 par la Réserve fédérale américaine commence à faire accréditer le scénario d'une possible récession de l'économie mondiale avec un effet important sur le marché du pétrole, malgré les déclarations optimistes des dirigeants de plusieurs pays développés. Mercredi dernier, le Réserve fédérale américaine a rendu publiques des prévisions de croissance situées entre 1,3% et 2% pour 2008, alors qu'au mois d'octobre 2007, les prévisions de la Réserve fédérale situaient cette même croissance entre 2,5% et 2,75%. L'écart est important et semble accréditer encore plus une crise économique dont les effets sont imprévisibles sur l'économie mondiale. Cette publication des données par la Réserve fédérale américaine avait été suivie le lendemain par la publication des prévisions de croissance de la Commission européenne pour la zone euro. La baisse annoncée par la Commission européenne est importante puisque les prévisions du taux de croissance pour l'année 2008 sont passées de 2,2% à 1,8%. Les prévisions annoncées par le Fonds monétaire international pour deux principaux pays membres de la zone euro, à savoir l'Allemagne et la France, reflètent aussi la tendance. L'organisation internationale tire les conséquences du ralentissement de l'économie mondiale et des craintes de récession aux Etats-Unis. Le Fonds monétaire international a fixé à 1,5% sa prévision de croissance du PIB allemand en 2008, alors que dans ses prévisions d'octobre, le FMI tablait encore sur 2,5% de croissance et 2% cette année. L'écart est important et reste plus pessimiste que les prévisions du gouvernement allemand qui table sur 1,7%. Le même schéma est valable pour l'économie française. Pour la France, le Fonds monétaire international a revu en forte baisse sa prévision de croissance en 2008, à 1,5% contre 2% par rapport à sa dernière prévision de cette année. Au mois d'octobre 2007, le FMI avait prévu un taux de croissance de 2,5% pour l'économie française en 2008. Ainsi, au fur et à mesure, les prévisions baissent régulièrement et d'une manière assez importante pour les économies des principaux pays développés. Elles contredisent les déclarations des membres des gouvernements qui veulent éviter de provoquer une panique. Cette conjoncture, qui a amené la Réserve fédérale à abaisser son taux directeur régulièrement pour soutenir l'économie et éviter la récession en évitant un atterrissage brutal, favorise d'un autre côté la spéculation sur le marché pétrolier qui devient un grand refuge au même titre que celui de l'or grâce à une valeur du dollar toujours en baisse par rapport notamment à l'euro. Mais d'un autre côté, la récession à venir et ses implications sur plusieurs régions du monde peuvent faire chuter la demande en pétrole d'une manière nette et provoquer un recul important des prix du pétrole. Dans ce cas-là, les prix du pétrole connaîtront une correction importante, et l'Opep qui envisage déjà ce scénario pourrait être amenée à réduire sa production.