Le procès des 5 touristes-pilleurs allemands, arrêtés le 20 novembre à Erg-Admer en possession de 133 pièces archéologiques, s'ouvrira, aujourd'hui, au tribunal de Djanet. Un procès inédit que certains, ici à Djanet, n'ont pas hésité à qualifier d'“unique” et même d'“historique” puisque c'est la première fois que des touristes étrangers comparaîtront devant la justice pour atteinte au patrimoine. En effet, disparus depuis le 17 novembre, les 5 “touristes” (Ernst Hellmeler, 53 ans, Dirk Lehmann, 38 ans, Wofgerng Garhammer, 43 ans, El Friede Kellner, 44 ans, et Elsabeth Wolf, 56 ans) ont été arrêtés quatre jours plus tard par les services de sécurité au lieu dit Erg-Damer en possession de 133 pièces archéologiques. Présentés devant le procureur de la République le 23 novembre, ce dernier les a mis sous mandat de dépôt. Le lendemain de leur arrestation, l'Office du parc national du Tassili (Opnt) s'est constitué partie civile. Hocine Ambise, directeur de l'Opnt, a soutenu que la plainte est déposée sur la base de la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel du 14 juin 1998, vol, pénalisations et infractions, titre 8 portant contrôle et infractions, articles 92 et 105. Il y a également, les décrets présidentiels 87-88 et 87-89, portant réorganisation et réglementation du parc, de l'article 05 à l'article 25. Ceci dit, M. Ambise sera présent au procès en tant que partie civile, directeur de l'Opnt et expert. De multiples chefs d'inculpation sont retenus contre les incriminés : violation de la réglementation régissant le Parc national du Tassili, ramassage illégal d'objets archéologiques, non-déclaration d'un matériel (GPS) soumis à autorisation. Aussi la partie civile semble-t-elle plus que jamais déterminée à faire payer aux pilleurs leur “grave crime”. Elle s'est échinée à présenter un dossier indemne de toute faille à même d'être exploité par la défense. Représentée par Me Bouchaïb, cette dernière ne s'est constituée qu'hier. Pour M. Ambise, les incriminés encourent une peine maximale de 5 ans tout comme ils peuvent être relaxés. Pour un autre responsable de l'office, ils risquent une forte amende et une peine allant d'une à trois années de prison. Il ne manquera pas de souligner que l'office fera appel au cas où la peine prononcée par la justice serait jugée en deçà de la gravité de l'infraction commise. “Nous comptons donner le maximum d'écho tant au niveau national qu'international à cette affaire pour qu'un tel délit ne se reproduise plus. Il faut que l'Etat algérien prenne ses responsabilités. Nous, nous avons fait notre travail, à la justice de faire le sien. Si on les laisse rentrer chez eux contre une modique amende de 200 euros, on va rendre le tablier”, confie-t-il. Car comme lui, beaucoup d'autres ici ne cachent pas leur crainte, pour des considérations diplomatiques et politiques, d'interférences extrajudiciaires pour alléger au maximum la peine. Ils ne considèrent pas moins que le mandat de dépôt est déjà une victoire puisque c'est pour la première fois que de pseudo-touristes sont écroués. Mais pour une source judiciaire, les pilleurs ne risquent pas de bénéficier d'un quelconque traitement de faveur puisque “la loi algérienne ne fait pas de distinction entre un Algérien et un étranger, un Noir et un Blanc, une femme et un homme”. Ceci dit, depuis quatre jours, les autorités civiles et militaires sont en “alerte générale”. Le Tout-Djanet attend avec impatience l'issue de ce procès inédit. La question qui taraude les esprits est : les pilleurs seront-ils emprisonnés ou pas ? On le saura aujourd'hui. A. C.