Ces dixièmes assises devraient être entamées par une allocution du président Abdelaziz Bouteflika. Mustapha Bougouba, ancien combattant de la guerre de Libération au sein de la wilaya IV, a accusé hier les organisateurs du dixième congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) d'avoir empoché “25 milliards de centimes”, soit 250 millions de dinars, pour “réussir” la tenue des assises, prévues à partir de demain au Palais des nations à Alger. “Je crois savoir que “Si Hassan”, en l'occurrence Youcef Khatib, chef de la wilaya IV durant la révolution, ancien conseiller politique du président Liamine Zeroual et candidat à la présidentielle de 1999, a reçu 500 millions de centimes” (5 millions de dinars), a-t-il déclaré, hier, au cours d'un point de presse au siège du journal El Watan, à la Maison de la presse Tahar-Djaout. Aux côtés d'un ancien condamné à mort de la région d'Oran, Mustapha Bougouba a fait le déplacement dans la capitale vêtu de sa tenue vert militaire de combattant, affichant fièrement son appartenance aux rangs de l'Armée de libération nationale (ALN). Ce treillis, il ne s'en départira qu'“une fois le dossier des faux moudjahidine classé”. Il dit assumer pleinement ses accusations, assurant avoir obtenu des informations vérifiées à la source ; des informations émanant de contestataires de différentes wilayas. Son accompagnateur a indiqué que la protestation était aussi ferme que large à l'ouest du pays : “Nous ne pouvons nous taire devant cette trahison.” Jeudi dernier, des maquisards de la région de Constantine avaient déjà exprimé leur intention de faire barrage aux “faux moudjahidine”. Avec leurs camarades, ils sont déterminés à chahuter le congrès. Mais la présence annoncée du président Abdelaziz Bouteflika risque de déjouer leur plan. “Nous serons présents en force à l'intérieur du Palais des nations et à l'extérieur afin de dénoncer les représentants illégitimes, de désigner du doigt cette mafia dont fait partie le ministre des Moudjahidine”, Mohamed Cherif Abbas, promet-il. Il accuse ce dernier d'avoir livré un faux chiffre concernant les “faux moudjahidine” : “Depuis 1992, nous sommes passés de 10% à 80% de titres usurpés ; je fais remarquer qu'en juin 2000, la presse a rapporté une fuite d'une rencontre à Oran de M. Bouteflika avec les walis, selon laquelle 50% des dossiers d'attestation de la qualité de moudjahid déposés au ministère étaient faux !” Mustapha Bougouba affirme n'avoir pas “cédé à la politique de la carotte et du bâton ; ils ont tenté de me corrompre et de me faire peur, mais je résiste”. Accusé lui-même par ses détracteurs, les décideurs actuels de l'ONM, de “faux moudjahid”, il a rassemblé une trentaine d'attestations qu'il a exhibées devant les journalistes. “Je parle preuves à l'appui, a-t-il conclu. Cette confiscation de l'histoire et de la qualité de moudjahid a débuté à l'indépendance quand les engagés — des Algériens — dans les rangs de l'armée française étaient formés à l'école militaire de Koléa (entre Alger et Tipasa), ma ville natale”. Le dixième congrès de l'ONM promet d'être chaud. L. B.