Les nouvelles directives et autres dispositions relatives à l'importation et à la distribution des engrais chimiques destinés à l'agriculture ont pris de court l'ensemble des agriculteurs du pays. La tentative des pouvoirs publics de juguler l'usage à des fins explosives des nitrates n'étant pas discutable, il appartenait aux services concernés de l'agriculture, de l'industrie et de l'énergie de s'organiser afin de contourner les obstacles par la mise à la disposition des fellahs en particulier et de l'agriculture en général, des produits dont la forme et la composition permettent de contourner l'obstacle sécuritaire. Malheureusement, comme à chaque étape cruciale de la production, les fellahs se retrouveront seuls à subir les conséquences directes de meures qu'ils sont pourtant les premiers à comprendre et à encourager. Intervenant quelques jours après les attentats meurtriers du 11 décembre 2007, la directive de retirer des circuits commerciaux la totalité des engrais – pas seulement ceux contenant des nitrates dont l'usage sous forme d'explosifs est largement connu de par le monde-, aura mis un frein aux spéculations agricoles en cours de production, comme les céréales, les cultures maraîchères sous abris et surtout la fameuse pomme de terre dont la campagne de plantation venait à peine de démarrer. Si bien que ceux parmi les paysans qui n'avaient pas enfoui d'engrais dit de fond – qui ont la particularité d'être libérés et mis à la disposition de la culture sur une période de 2 à 3 mois-, indispensables à la nutrition des jeunes plantules et la tubérisation, seront pénalisés. Ceux qui avaient enfoui des quantités appréciables de fumier pourront, au moins durant les 30 premiers jours, disposer d'une source de nutriments pour leur pomme de terre. Mais passé ce délai, les plants ont un besoin crucial en éléments minéraux que les agriculteurs avaient pour habitude de répandre en surface, au moment des irrigations ou des apports sous forme de pluies. Mais le dispositif de restriction du commerce de l'ensemble des engrais, y compris ceux n'ayant aucune autre destination possible que celle de nourrir les plantes, servira de levier pour les spéculateurs qui feront flamber les prix, notamment celui de l'urée 46% dont le quintal s'écoulait à 3 000 DA au mois d'octobre et qui s'échange actuellement entre 6 500 et 7 500 DA. Cet engrais azoté étant absolument indispensable à la croissance du végétal, son incorporation dans le cycle cultural est d'une nécessité absolue, ce qui explique l'engouement sans précédent sur ce produit de la part des fellahs. Pris à la gorge alors qu'ils venaient de débourser entre 25 et 35 millions de Cts par hectare de pomme de terre, ils se rabattront sur les engrais foliaires dont la forme liquide en limite l'usage extra agricole. Mais les faibles quantités disponibles ainsi que les prix de vente seront dissuasifs.