Les exportations hors hydrocarbures ont atteint 1,3 milliard de dollars en 2007. Ce montant est en hausse par rapport à l'exercice 2006, mais Mohamed Bennini, directeur général de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex), qui était présent hier au séminaire sur la diversification des exportations, ne s'en réjouit pas pour autant. Il estime que l'Algérie peut mieux faire. Il explique la hausse par la « dépréciation du dollar ». Le scepticisme de M. Bennini est également lié au fait qu'il n'y a pas eu de nouveaux produits exportés. « Ce sont surtout les anciens produits qui continuent à être exportés, dont beaucoup sont des dérivés des hydrocarbures. Ce ne sont pas des produits manufacturés. Nous avons peu de produits issus de l'industrie de la transformation ou de l'agroalimentaire et agricole » qui sont exportés, a-t-il ajouté. Le gouvernement algérien veut mettre en place une véritable politique de diversification des exportations. C'est dans cette perspective que la Banque mondiale a été sollicitée. Cette dernière devrait proposer un canevas comprenant différentes recommandations pour la mise en place d'une stratégie en mai prochain. M. Bennini relèvera que l'Algérie possède les ressources nécessaires pour placer d'une façon significative ses produits sur les marchés internationaux. Il reconnaît néanmoins que l'environnement actuel n'est pas propice à la diversification des exportations. « Le tissu des PME a des lacunes importantes. Le nombre de nos PME est insuffisant et la stature de nos PME est trop petite. Ce sont souvent des entreprises familiales. Les associations patronales commencent à peine à s'organiser et l'association des exportateurs aussi. C'est tout ce travail-là qui peut être soutenu avec la Banque mondiale » a-t-il noté. Pour ce qui est de la suppression des subventions accordées par l'Etat aux exportateurs qui figurent parmi les concessions effectuées par l'Algérie pour son adhésion à l'OMC, il a indiqué que cette mesure ne concerne pas toutes les aides. « Il y a des pratiques internationales consacrées qui permettent un certain nombre de soutiens en amont au stade de la mise à niveau aux entreprises pour les rendre performantes au niveau international. Dans le cadre de la réforme du fonds spécial pour le soutien aux exportations qui a été introduite dans la loi de finances 2007, il y a eu cette adaptation », a-t-il expliqué. Rafik Bouklia Hassane, conseiller au ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, a souligné de son côté que le travail initié avec la Banque mondiale entre dans le cadre des relations régulières avec cette institution. L'Algérie, a-t-il dit, peut « bénéficier de l'expérience des experts de la Banque mondiale qui a un benchmarking, c'est-à-dire une bonne connaissance des pays qui ont développé une stratégie industrielle. Nous essayons de tirer des leçons. Nous travaillons avec la Banque mondiale pour voir dans quelle mesure nous pouvons profiter de ces expériences ». Le séminaire organisé hier a été marqué par la présentation de Ricardo Hausman, professeur en économie du développement à l'université de Harvard. M. Hausman a mis en place une nouvelle approche pour la diversification des exportations. Elle a déjà été appliquée par les économies marocaine et sud-africaine, et l'Algérie pourrait s'en inspirer.