L'Algérie veut passer à « une logique de partenariat » avec l'Union européenne (UE). Le message est délivré par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, qui a coprésidé une réunion nocturne du Conseil d'association, lundi 10 mars à Bruxelles. Ce conseil est censé évaluer l'application de l'accord d'association liant Alger à l'UE, entré en vigueur en septembre 2005. La réserve du chef de la diplomatie algérienne signifie-t-elle l'existence de bâtons dans les roues dans la mise en pratique de cet accord ? Car, comment expliquer que Mourad Medelci invite la partie européenne, dans une déclaration reprise par l'agence officielle APS, à sortir de « la logique commerciale ». L'accord d'association, qui a été négocié en secret sans l'avis des opérateurs économiques algériens, est aujourd'hui critiqué à Alger mais à voix basse. Les exportateurs algériens disent affronter des obstacles qui les empêchent de pénétrer le marché européen. En visite à Alger, début février 2008, Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce, a estimé que l'accord d'association ne fonctionne pas suffisamment bien pour l'Algérie. « Je pense qu'il faudrait le revoir d'ici 2010 pour que l'Algérie puisse en tirer plus d'avantages », a-t-il déclaré. Venue en Algérie un mois plus tard, Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures et à la politique de voisinage, a tenu un autre discours. « L'accord d'association avance bien. Les deux parties respectent leurs engagements, ce qui permet l'installation d'un vrai climat de confiance et facilite la coopération », a-t-elle déclaré. Qui croire alors, Peter Mandelson ou Benita Ferrero-Waldner ? Passons. La principale question qui préoccupe Bruxelles est l'énergie, considérée dorénavant comme un axe essentiel de coopération avec l'Algérie. Les deux parties ont engagé, selon les termes de Mourad Medelci, des discussions exploratoires avant d'établir un mémorandum d'entente sur l'énergie. Considéré comme « partenaire historique et fiable », l'Algérie est le troisième fournisseur de l'Union européenne en gaz naturel après la Russie et la Norvège. Après des hésitations qui ont duré plus d'une année, accentuant les inquiétudes européennes surtout après l'émergence du facteur instabilité né des réserves russes sur les fournitures en gaz au continent, les discussions doivent, théoriquement, entrer dans une phase active à partir d'avril prochain. Outre « la sécurité énergétique », seront abordées la distribution de l'électricité vers l'Europe (même si on ne connaît pas exactement les capacités algériennes en la matière) et la promotion des énergies renouvelables. « Nous attendons des partenaires européens une assistance pour aller dans le sens de la préparation de l'Algérie à l'après-pétrole, car nous sommes concernés, comme tous les pays, par la promotion des énergies renouvelables », a précisé Mourad Medelci, cité par l'APS. Interconnexion des réseaux d'énergie Dans ce domaine, un projet de coopération avec l'Allemagne vient d'être lancé, notamment en matière d'énergie solaire. Leader mondial, l'Allemagne est disposée à aider l'Algérie à développer les énergies renouvelables. Tout dépend de la vision stratégique qu'a Alger pour ce secteur encore méconnu. L'interconnexion des réseaux d'énergie est l'un des principaux dossiers développés par le groupe informel des 5+5 qui regroupe l'Espagne, la France, l'Italie, Malte et le Portugal et les cinq pays du Maghreb. C'est également l'un des points figurant dans le projet du président français Nicolas Sarkozy de créer une Union méditerranéenne. La circulation des personnes a été le deuxième thème discuté lors du conseil d'association. Le chef de la diplomatie algérienne a estimé que l'amélioration des conditions de délivrance des visas aux Algériens n'est pas suffisante. Il a parlé toutefois de « progrès » concernant, entre autres, l'attribution moins lente – mais sélective – des visas, la décentralisation de l'examen des dossiers de demande et la suppression de la consultation des membres de l'espace Schengen avant d'accorder un visa (cette condition avait été introduite par l'UE à cause de la situation sécuritaire en Algérie au milieu des années 1990). « La facilitation des visas est la question nationale en Algérie, nous le savons et le comprenons parfaitement. L'UE a déjà accompli un pas important, demandé de longue date par l'Algérie, avec la suppression des consultations préalables. C'est une avancée appréciable », a déclaré Benita-Ferrero Waldner au Quotidien d'Oran avant sa dernière visite à Alger. Elle a souligné qu'un travail se fait actuellement pour améliorer les conditions d'octroi des visas de courte durée pour les officiels, les hommes d'affaires, les étudiants et les chercheurs. L'UE associe la question des visas à celle de la réadmission (retour des migrants clandestins dans leur pays d'origine). Sur ce point, Alger souhaite que les démarches économiques et humaines aillent ensemble. « Une cohérence à laquelle ne sont pas encore parvenues les deux parties », a regretté Mourad Medelci, disant que des accords de réadmission fonctionnent déjà avec certains pays européens. A Bruxelles, on estime que les deux parties doivent suivre « une approche pragmatique » aux fins de trouver « un point d'équilibre » entre leurs attentes réciproques. Benita-Ferrero Waldner considère la facilitation des visas comme « un aspect-clé » de la politique européenne de voisinage (PEV). Politique que l'Algérie refuse pour l'instant, souhaitant une meilleure application de l'accord d'association. Lors d'une précédente visite à Bruxelles, en novembre 2007, Mourad Medelci avait évoqué la question du flux migratoire et ses liens avec la mobilité. Alger et Bruxelles s'étaient entendus sur une approche intégrée qui prendrait concomitamment en compte la coopération en matière de lutte contre l'immigration illégale et la facilitation des procédures d'octroi des visas. Alger cite les exemples du partenariat liant l'UE à la Russie et à l'Ukraine. Cela dit, le phénomène des harraga affaiblit considérablement la position de l'Algérie dans ce dossier. L'Algérie n'est pas seulement un pays de transit mais un pays d'émission de migrants clandestins, ce qui complique les choses. A noter enfin que la coopération en matière de lutte contre le terrorisme (échange de renseignements) a été évoquée lors du conseil d'association. Diplomatie Le président Bouteflika au 11e sommet de l'OCI à Dakar Le président Bouteflika se rendra aujourd'hui à Dakar (Sénégal) où il prendra part au 11e sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République. (APS)