Les indicateurs sont au rouge », « le climat est tendu », « il y a risque de grabuge ». Ces phrases prononcées par la secrétaire générale du Parti des travailleurs dans une conférence de presse tenue hier au siège de son parti, sont devenues habituelles dans la rhétorique de Louisa Hanoune. Hier, elle a jugé plutôt « rigolo » le rapport sur les droits de l'homme rédigé par le département d'Etat américain. « Ce rapport est complètement farfelu. Dans d'autres conditions, il nous ferait bien rire (…). Mais j'ai bien peur qu'en recensant une minorité ethnique de 9 millions, ils nous préparent un nouveau Kosovo », dit-elle. La position du PT quant à la révision constitutionnelle, assène-t-elle, reste « immuable », malgré les démarches auprès de son parti des signataires de la pétition contre le troisième mandat de l'actuel Président. « Nous ne sommes ni pour ni contre la révision constitutionnelle. Nous défendons la liberté de candidature dans le respect de la souveraineté nationale », déclare-t-elle. Comme à son habitude, la responsable du PT a réservé quelques flèches au ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Pour elle, la stratégie industrielle que le département de Temmar est en train de mettre en place est un « aveu d'échec » des privatisations. Elle trouve « incroyable » le fait de vouloir vendre l'agence nationale des métaux précieux (Agenor) alors que l'once dépasse allégrement les 1000 dollars sur les marchés internationaux, tout comme elle juge « dingue » le fait de vouloir relancer la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA). « Le ministre des Finances et la ministre déléguée à la réforme bancaire ne lisent apparemment pas les journaux. Ce n'est plus la crise des subprimes qui se profile, il y a un risque de récession. Mais ils rêvent toujours que les six banques soumissionnaires améliorent leurs conditions », s'étonne Mme Hanoune. Le projet d'offrir la Banque de développement rural (BDL) à la privatisation l'exaspère. « Il n'est pas normal d'offrir une banque dans laquelle dort l'or de l'Etat, près de 10 tonnes », dit-elle. Au chapitre de la défense des « minorités », la secrétaire générale du PT s'est dit scandalisée du fait que l'indemnité pour les handicapés soit d'à peine 1000 DA. « C'est à peine de quoi acheter un bidon d'huile. La politique de l'autruche doit s'arrêter ! » La responsable du PT incombe la responsabilité de la flambée des prix non pas à la loi du marché, mais à celle de « l'anarchie ». « On nous dit que c'est la spéculation dans les marchés internationaux qui a causé la hausse des prix. Il y a certes une part de vérité, mais la faute revient surtout à la politique des quotas de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Union européenne. Ils préfèrent jeter les produits au lieu de les vendre », explique-t-elle. Et d'ajouter : « Tout a augmenté parce que l'Etat a fermé les entreprises de l'agroalimentaire. Tout est entre les mains du privé. » « Il faut abroger l'article 144 bis du code pénal » Dans une allusion à la condamnation du directeur de la publication d'El Watan, Omar Belhouchet, et du chroniqueur Chawki Amari, la responsable du Parti des travailleurs a déclaré que l'article 144 bis du code pénal doit être abrogé. Il y a, selon elle, « d'autres moyens de défendre son honneur. On n'a pas besoin d'emprisonner des journalistes ».