Le projet de décret exécutif soumis au gouvernement propose de fixer à 100 DA la marge globale à répartir entre les grossistes et les détaillants sur la base des prix sortie d'usine. Le prix du sac reviendrait en moyenne à 320 DA TTC. Le secrétariat général du gouvernement sera destinataire, aujourd'hui, d'un projet de décret exécutif fixant les marges de vente du ciment. Après deux conseils interministériels consacrés à l'étude de la crise des matériaux de construction qui secoue le secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH), le gouvernement accélère la mise en œuvre des dispositions énoncées à la fin de la semaine dernière en décidant d'encadrer les prix de vente du clinker. C'est Ouali Mohamed Yahiaoui, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, qui l'a annoncé hier sur les ondes de la radio nationale Chaîne III. Dans le détail, ledit décret propose de fixer à 100 DA la marge globale à répartir entre les grossistes et les détaillants sur la base des prix sortis d'usine qui restent, évidemment, variables d'une cimenterie à une autre. D'après le même responsable, le prix du sac reviendrait en moyenne à 320 DA TTC. Pour précision, les prix affichés avant-hier par la Société de gestion des participations (SGP) Industries du ciment font état d'une variation – selon le type et la classe de résistance (CPJ) – entre 220,13 DA et 233,41 DA TTC pour le sac de 50 kg, et entre 3837 DA et 4095 DA TTC pour la tonne de ciment en vrac. Des conventions doivent également être conclues entre les cimentiers et leurs distributeurs ainsi qu'avec les entreprises de réalisation. Celles engagées avec les pouvoirs publics dans des programmes de construction sont prioritaires. Par ailleurs, le représentant du département du commerce a dévoilé une série de facteurs ayant alimenté la tension sur les marchés du ciment et du rond à béton. Contrairement à ce que le ministère de l'Habitat a laissé entendre sur la disponibilité du ciment en quantités suffisantes, le directeur de la régulation au ministère du Commerce a souligné qu'une partie des capacités de production était à l'arrêt. En effet, la capacité théorique installée de production de ciment est de 18 millions de tonnes par an, selon le département du commerce, alors que la SGP situe ce niveau à 16,5 millions de tonnes/an. Cependant, la production réellement commercialisée en 2007 est de 11,5 millions de tonnes pour des besoins estimés à plus de 14 millions de tonnes. « La récente crise est due en partie à l'arrêt de deux cimenteries », explique encore M.Yahiaoui. Cette suspension qui s'est prolongée durant deux mois (février et mars) a soustrait au marché une production équivalente à 1,3 million de tonnes. Un volume qui s'est fait ressentir eu égard à la clémence de la saison hivernale, précise le DG de la régulation. La demande n'a pas baissé, contrairement à ce qui est habituellement constaté durant pareille saison. Inévitablement, cette tension a généré la spéculation d'autant plus que 55% de la production cimentière part dans les circuits de distribution, tandis que 45% sont directement achetés par les entreprises de construction. S'agissant du rond à béton, l'Algérie qui dépend à 80% de l'importation a vu sa production sensiblement fléchir. Le complexe d'El Hadjar, souligne le même responsable, dont la capacité de production est de 800 000 tonnes/an pour une demande annuelle avoisinant les deux millions tonnes, n'a fourni en 2007 que 350 000 tonnes. Ainsi, le complexe bônois a tourné à moins de 44% de ses capacités dont une partie de la production est destinée à l'exportation. Une production marginale de 17 000 tonnes/an d'une aciérie d'El Tarf vient s'ajouter à celle d'El Hadjar. En même temps, les autorités s'acheminent vers l'actualisation des prix. Dans le cadre de la commission nationale des marchés publics, des travaux sont en cours pour reprendre l'indice des prix dont la dernière mise à jour remonte à 2005, soit au moment de la conclusion des contrats avec les entreprises de construction. A la faveur de cette révision, le prix du mètre carré habitable devrait augmenter, a indiqué M.Yahiaoui.