Tout au nord de la cité Emir Abdelkader (ex-Faubourg Lamy), le bidonville de Fedj Errih étale ses tentacules sur plusieurs centaines de mètres et pourrait atteindre, si rien n'est entrepris pour l'éradiquer, la bourgade de Bekira. La cité Fedj Errih grandit à vue d'œil, et aux yeux de certains riverains le chiffre de 1 300 familles installées est bien loin de refléter la réalité. Ces familles s'entassent comme elles peuvent, au milieu des rats, des mouches, des moustiques et des chiens errants, attendant patiemment un hypothétique recasement. Certaines d'entre elles sont là depuis les premières années de l'Indépendance. Les premiers à s'installer dans ce véritable nid d'aigle niché à flanc de montagne étaient des ouvriers employés dans les carrières de Faubourg Lamy ; ils avaient décidé de construire des maisons de fortune pour se rapprocher de leur lieu de travail, auxquelles sont venus se greffer au fil des ans des centaines de taudis, créant ainsi un immense bidonville. Zoheir Habati, le délégué du secteur urbain d'El Kantara, dont dépend cette cité, nous dira, à propos de l'éventuel relogement de ces 1 300 familles selon le recensement effectué par ses services en 2007, qu'il ne veut pas donner de faux espoirs, déclarant qu'une telle opération n'est pas à l'ordre du jour, tout en reconnaissant que les conditions dans lesquelles vivent ces familles sont, le moins que l'on puisse dire, déplorables. En l'absence de route carrossable, l'on se demande d'ailleurs comment procèdent les habitants de cette cité pour évacuer leurs malades ou comment agiraient-ils en cas d'incendie. Et en hiver, ce sont des masses d'eaux boueuses qui envahissent tous ces taudis. Pas de gaz de ville et pas d'eau potable pour ces gens, à l'exception de quelques puits disséminés çà et là, et dont le nombre est loin de satisfaire les besoins de cette population, estimée à plus de 10 000 habitants, mais plutôt des eaux usées et des montagnes de détritus qui pourrissent le quotidien de ces familles. En plus de l'habitat précaire, les pères de famille que nous avons rencontrés soulèvent tous le même problème, celui du chômage qui touche la majeure partie des habitants de ce bidonville en âge de travailler. Mais la principale source d'inquiétude demeure la santé de leurs enfants, dont la plupart, disent-ils, notamment les nourrissons, seraient atteints d'asthme chronique, d'aucuns parlent même de cas de tuberculose. Dans ces conditions inhumaines, été comme hiver, les habitants de la cité Fedj Errih lancent un appel pressant aux autorités en espérant qu'elles daignent enfin jeter un regard sur leurs souffrances et mettre un terme à leur calvaire.