Le président du Front national algérien, Moussa Touati, a saisi la 5e session du conseil national, organisée avant-hier à l'hôtel Es Safir à Alger, pour remettre de l'ordre dans la maison FNA, récemment ébranlée par une vague de dissensions, appelée « comité du salut du FNA ». Quatre membres du conseil national ont, à titre de rappel, accusé publiquement le président du parti et néanmoins ex-président de la Coordination nationale des enfants de chouhada (Cnec) d'avoir détourné l'argent du parti et de la Cnec à son propre compte. Ainsi, Moussa Touati n'a pas laissé échapper l'occasion de ce week-end pour peser de tout son poids et mettre ses rivaux dans la défensive. Rejetant en bloc ces accusations, il a appelé la plénière, instance suprême du parti, à entériner officiellement l'exclusion des quatre dissidents. A l'unanimité, Abdelkader Ziani, Ahmed Ben Segane, Djamel Belhafaf et Madani Feloua, tous membres du conseil national dont trois députés, ont été écartés du parti. Ces éléments, explique Touati, vont passer devant la commission de discipline pour leur ôter la couverture politique et, par la suite, seront présentés devant la justice pour « trahison et violation des principes et règlement intérieur du parti ». Une fois cette mesure disciplinaire achevée, le président du FNA a recommandé aux membres du conseil national d'organiser, dès cette semaine, des assemblées générales au niveau local et de procéder à la vente des cartes d'adhésion au parti. « Il faut rassembler 400 militants au minimum dans chaque wilaya », insiste-t-il devant les 240 membres présents avant de prévenir contre le militantisme d'occasion. Après avoir égratigné les députés du FNA qui « se rallient souvent sur les positions du RND et du FLN », Touati appelle les participants à mettre un terme au climat de méfiance qui s'est installé entre les militants. S'adressant au pouvoir, il dira qu'il faut reconnaître l'opposition politique car, a-t-il souligné, elle oriente et évite les dérapages. Faisant une lecture à la perspective d'une amnistie générale, le chef du FNA se demande si elle englobe également le volet économique. « Les entreprises qui ont accumulé des milliards de dettes ne sont pas responsables de cette situation. C'est le fisc qui doit jouer son rôle pour éviter à ces entreprises de récidiver », remarque-t-il. Quant au chapitre sécuritaire de l'amnistie, Touati indique qu'il est possible de pardonner aux auteurs de crimes en passant par la justice, mais il est inconcevable de blanchir les commanditaires de leurs responsabilités. Sur un autre volet, le président du FNA tient à rappeler que sa formation a toujours plaidé pour la légitimité populaire, saluant au passage la dernière déclaration du président de la République qui a annoncé la fin de la légitimité historique dans l'exercice du pouvoir. Toutefois, Touati demande d'aller vers une réelle légitimité populaire en s'interrogeant : « Est-ce que le député peut, actuellement, contrarier le chef du gouvernement ? » Abordant la situation générale du pays, il conclut que les mutations actuelles se caractérisent par une ambiguïté. Pour illustrer ses propos, il dira : « Est-ce que les réformes actuelles sont l'émanation du peuple ou imposées par l'extérieur ? Il faut mettre les points sur les "i". » Se voulant l'avocat des démunis, il proteste contre le « libéralisme qui appauvrit les pauvres et servira les riches » en refusant la privatisation des entreprises publiques et des systèmes de santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur.