La majorité des 80% des électeurs italiens, qui se sont rendus aux urnes, ont choisi d'accorder leur voix à Silvio Berlusconi qui se retrouve ainsi, pour la troisième fois, à la tête d'un pays gagné par la morosité d'une crise économique qui fait entrevoir un avenir incertain pour les jeunes générations. Le milliardaire Berlusconi n'avait jamais accepté sa défaite lors du vote de 2006, remportée alors par Romano Prodi. Deux ans après, suite à la chute du gouvernement de gauche, le leader du Parti du peuple des libertés prend sa revanche et revient aux affaires du pays. Avec 340 sièges sur 617 au Parlement (contre 239 pour la gauche) et 168 sièges au Sénat (contre 130 pour la gauche), la coalition de droite obtient la majorité absolue. Et outre, l'exclusion des communistes et des Verts du Parlement, car n'ayant pas dépassé le quorum de 4% des suffrages, l'autre surprise de ce vote est le raz-de-marée réalisé par le parti xénophobe de la Ligue du Nord. Avec plus de 8% des voix, cette formation, qui revendique un système fédéral pour les riches régions du Nord, se voit hissée au rang des grands partis italiens et ne manquera pas de peser sur les décisions politiques du nouveau gouvernement. Les leaders de la ligue, connus pour leur compagne populiste au ton ouvertement raciste et répressive contre les immigrés, surtout les musulmans, ont réussi à encaisser non seulement le vote des entrepreneurs du Nord, mais aussi ceux d'une partie des classes ouvrières, au grand dam des communistes. Cette virée des Italiens vers l'extrême-droite préoccupe sérieusement les immigrés, surtout si le parti de la Ligue obtient le ministère de l'Intérieur, comme ses leaders l'ont laissé entrevoir. Tous ont encore à l'esprit le mur de séparation érigé dans la ville de Padoue, pour séparer les habitants italiens de leurs voisins étrangers et les rondes nocturnes de la garde padane à la chasse des faciès trop typés. La compagne électorale de la Ligue du Nord s'est basée principalement sur l'instrumentalisation de la peur des Italiens face à la montée de la criminalité attribuée aux immigrés, y compris par le maire de Rome, Walter Veltroni, maire sortant et candidat battu. Après l'annonce des résultats, l'ancien (nouveau) président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a affirmé qu'en deux semaines le Parlement sorti des urnes tiendra sa première session qui sera suivie par la présentation du nouveau gouvernement devant le chef de la République, Giorgio Napolitano. L'allié de Berlusconi et leader du parti post-fasciste de l'Alliance nationale, Gianfranco Fini, est pressenti pour le poste de président de la Chambre des députés, alors que le vice-président démissionnaire de la Commission européenne, Franco Frattini, reprendrait le porte-feuilles de ministre des Affaires étrangères, fonction qu'il avait assumée lors du précédant gouvernement Berlusconi.