La situation est catastrophique. Nous ignorons carrément qui commande en Algérie et nous demandons à cet effet au chef de l'Etat de mettre de l'ordre dans la maison Algérie. Il y a des décisions qui sont prises en Conseil des ministres mais qui ne sont pas traduites sur le terrain ! », a observé hier Mme Louiza Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs lors d'un point de presse sanctionnant les travaux de la session ordinaire du comité central de son parti qui ont débuté jeudi. Mme Hanoune estime qu'il n'y a aucune lisibilité quant à la gestion des affaires de l'Etat, illustrant ses propos par l'indifférence des pouvoirs publics au cri de détresse des travailleurs revendiquant un salaire décent. « Lorsqu'on fait la sourde oreille aux multiples grèves déclenchées par les syndicats autonomes, il y a de quoi s'inquiéter », a-t-elle déclaré en précisant que les phénomènes et les fléaux qui ont été à l'origine du fort taux d'abstention lors de l'élection présidentielle de 2004 existent toujours. Selon la conférencière, aucun changement allant dans l'amélioration des conditions de vie des Algériens n'a été opéré. « Le président de la République parle de 400 000 postes d'emploi. Où sont ces postes de travail ? », s'est interrogée l'oratrice qui qualifie de dramatique le fait qu'un médecin exerce dans le cadre du préemploi et touche un salaire de 6000 DA et il est dramatique, de son avis, qu'en 2008 un père de famille touche 3000 DA dans le cadre du filet social. Toujours sur le plan social et politique, la SG du PT relève que la conjoncture sociale actuelle est très critique, rappelant les augmentations des salaires qui demeurent insuffisantes par rapport au pouvoir d'achat et à la hausse des prix des marchandises et des produits alimentaires. Mme Hanoune incombe la flambée des prix observée actuellement plus particulièrement à « l'absence » de grandes surfaces commerciales, d'un système de distribution organisé et d'une politique agricole efficace. Le chef de file du PT considère que 2008 est une année décisive et charnière en raison des conséquences et des répercussions de l'ordre économique mondial. Pour Mme Hanoune, la mobilisation pour la défense de la cohésion de la nation, la souveraineté nationale et la démocratie politique constitue le principal enjeu de son parti. « Nous demandons l'ouverture d'un véritable débat sur un grand nombre de questions, notamment le pouvoir d'achat, l'OMC, les privatisations... », a insisté la SG du PT. Evoquant le phénomène des harraga, elle a souligné simplement qu'il nécessitait une plus grande attention de la part de l'Etat. Abordant les questions économiques, Mme Hanoune a plaidé en faveur de la création d'un ministère de l'Economie nationale et un autre de la Planification afin de prendre en charge certains dossiers qui ne relèvent nullement des prérogatives de M. Temmar, ministre de l'Industrie. Dans ce sillage, la première responsable du PT n'a pas ménagé M. Temmar qui, selon elle, gère très mal le secteur de l'Industrie et « s'ingère » dans le fonctionnement des autres départements. Mme Hanoune regrette que certains ministres algériens essayent par tous les moyens de plaire aux étrangers au lieu de faire la propagande du label algérien. La SG du PT estime que l'accession de l'Algérie à l'OMC était une question « cruciale » qui nécessite de la prudence et l'ouverture d'un dialogue national. Tout en mettant en garde contre les « dangers » que peut engendrer cette accession, elle a relevé que « tous les pays membres de l'OMC voudront à leur tour tirer profit du partenariat Algérie-UE dont l'Algérie n'a tiré aucun bénéfice », a-t-elle expliqué. Sur le plan interne, la responsable du PT a affirmé que les députés PT qui ont rallié récemment le FLN ne l'ont pas fait par conviction, mais pour une question d'argent. « Les partis politiques doivent dénoncer ces pratiques et non les encourager », a-t-elle soutenu.