Le président de la République passe à l'acte. Il a décidé de prendre le taureau par les cornes. C'est le branle-bas de combat au niveau de certains ministères du gouvernement Belkhadem. Ce n'est point l'effet du jeûne mais une note émanant de la Présidence et parvenue sur les bureaux des ministres mentionnant qu'ils seront auditionnés durant ce Ramadhan. En effet, on apprend que le président de la République procédera au cours des prochains jours à l'audition de plusieurs ministres pour s'enquérir de l'état d'avancement des réformes entreprises dans différents domaines. Un rendez-vous devenu la hantise des représentants du gouvernement du fait qu'il risque de déterminer l'avenir politique de certains d'entre eux. L'initiative du premier magistrat du pays est de faire le diagnostic des divers départements ministériels, d'une part, et de répondre, d'autre part, au souci de veiller au respect des échéances conformément aux instructions données. Mais, contrairement aux précédentes auditions similaires tenues à la même période, les auditions de cette année se feront par regroupement ministériel, ajoutent nos sources. Il sera fait ainsi le point de la situation secteur par secteur. Ainsi, un ministre pourrait se trouver être «invité» à plusieurs reprises dans des séances marathoniennes, estiment certains observateurs. C'est ainsi qu'on apprend que plusieurs ministres, et pas des moindres, seront conviés à expliquer les retards enregistrés par leurs départements respectifs. La décision d'auditionner les représentants du gouvernement aurait été prise après les différentes sorties sur terrain effectuées récemment par le chef de l'Etat dans plusieurs wilayas. Pour la énième fois il exhortera les responsables à s'impliquer davantage dans le processus de mise en oeuvre des réformes. Sans répit, et à la suite des attentats de Batna, le chef de l'Etat a présidé le Haut conseil de la sécurité. Justement, l'aspect sécuritaire devrait, selon les mêmes sources, occuper une place de choix lors de ces auditions d'autant que la recrudescence de la violence terroriste ne manque pas d'inquiéter. Le bilan de la réconciliation nationale sera également au menu des auditions, comme le sera la relance du débat politique en Algérie après le taux record d'abstention enregistré lors des dernières législatives. D'abord, il y a l'échéance électorale prévue le 29 novembre prochain que sont les élections locales et de wilaya. Au plan social, les ministres du Commerce et de l'Agriculture seront attentivement écoutés. Saïd Barkat et El Hachemi Djaâboub seraient directement responsables des différentes pénuries qu'a connues le pays, notamment la pomme de terre, sans pour autant oublier la flambée des prix des produits de large consommation. Ces deux ministres au lieu de coordonner leur travail n'ont cessé de se renvoyer la balle par presse interposée. Une attitude qui n'a pas été du goût du président de la République. Comme l'a été la réponse de Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, qui affirmait, au sujet du fonctionnement du complexe hydraulique de Beni Haroun, que celui-ci ne posera aucun problème. Sellal a souligné que deux pompes sont en place pour éviter toute coupure d'alimentation, tandis qu'une troisième machine est commandée en guise de secours. Quant au choix de la machine prototype, Abdelmalek Sellal s'en lave les mains et explique que ce choix a été fait depuis plusieurs années. Selon lui, un nouveau modèle de mobilisation des eaux, dit pompage étagé, est en cours d'étude aux fins de juguler d'éventuels problèmes à l'avenir. Or, le chef de l'Etat avait bel et bien déclaré être prêt à abandonner le projet plutôt que de provoquer une catastrophe écologique et un drame à la région. Des comptes et des explications sont attendus quant au choix des priorités. Les mêmes explications seront demandées au ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui. Celui-ci, encouragé par les instructions du président de la République à accélérer le projet du métro d'Alger et l'électrification de la Sntf, aurait tendance à oublier qu'il gère également d'autres projets au point que nos routes sont devenues un mouroir. D'autres ministres défileront chez le président qui fera avec chacun d'entre eux le point sur le secteur à charge. Certes, il s'agira beaucoup plus d'un bilan exhaustif, mais il n'en demeure pas moins qu'il risque d'être un prélude à un proche futur remaniement ministériel.