La vieille dame est acquittée. Le tribunal d'Alger, en son audience du 23 avril dernier, a déduit que sa responsabilité dans la mort de son mari, survenue il y a quelques années, n'est nullement engagée. Le pas lent, la mine débonnaire, la sexagénaire n'est pas jugée en tant que détenue. Depuis la mort de son mari, elle n'a jamais quitté le domicile familial, restant toutefois à la disposition de la justice. Aujourd'hui, elle pourra rentrer chez elle, libérée de cette « accusation » qu'elle dit n'avoir jamais « gobée ». « Comment voulez-vous que je tue le père de mes enfants avec lequel j'ai passé plus de trente ans de ma vie ? », s'est-elle interrogée à l'adresse des juges. Le témoignage de ses enfants est allé aussi dans le même sens de cette mère « éplorée » depuis la disparition dramatique de son mari. La mère, selon sa progéniture, était sur la terrasse en train d'étendre le linge lorsque l'« accident » est survenu. « Oui, c'était un accident ; mon défunt père voulait chauffer de l'eau pour se doucher. Il a mis un chaudron cabossé sur le réchaud (tabouna en dialecte algérien, ndlr) et, soudain, c'est l'irréparable : en manipulant le vieux chaudron, l'eau bouillante s'était déversée sur son corps, occasionnant des brûlures de troisième degré », témoigne le fils. La mère n'était pas présente lors de l'accident, insistent les enfants. Gravement atteint, le père, diabétique de son état, ne survivra pas. Il rendra l'âme quelques jours après. L'enquête qui s'en est suivie devait écouter l'épouse avant de la responsabiliser. Motif ? Une altercation verbale avait précédé le regrettable évènement. « C'est vrai qu'on se chamaillait, parfois pour rien du tout. Le défunt était très nerveux. Souvent, je me taisais pour ne pas envenimer encore l'atmosphère. Tout compte fait, on menait une vie normale, alternant le bon et le mauvais côté de la vie conjugale », a-t-elle déclaré. Le ministère public a requis 10 ans de prison. L'accusation s'appuyant sur le fait que ce jour- là, le défunt a été pris à partie par la mise en cause. La défense a souligné le fait que les « chamailleries » sont propres à tous les couples, « principalement les vieux couples ». « La dispute, qui a eu lieu le jour de la mort du défunt, était somme toute anodine. Il faut aussi signaler le fait que cette malheureuse femme était sur la terrasse quand l'accident a eu lieu. Nous demandons l'acquittement », plaide la défense. Après les délibérations, la cour prononce le verdict : la mise en cause est acquittée. Dans la salle, l'assistance lance un « ouf » de soulagement.