Ainsi, les travaux du 4e congrès du MSP se sont terminés avec la victoire de Bouguerra Soltani, après le retrait de Abdelmadjid Menasra de la course. Bouguerra a donc succédé à lui-même après que sa candidature a été cautionnée par le congrès et plébiscitée par le madjlis echoura. Il a accepté le principe d'abandonner son tablier de ministre pour se consacrer uniquement à la gestion du mouvement. Les traits tirés, signe d'une extrême fatigue, après quatre jours et cinq nuits de bataille serrée, les congressistes ont achevé leurs travaux avec l'examen sans débat du bilan moral et financier et ont procédé à la réélection, au lever du jour, du conseil consultatif, après avoir adopté de nouveaux amendements du statut et du règlement intérieur. Ainsi, le nombre des membres de cette instance passe de 208 à 262, avec l'entrée d'office des délégués de wilaya et le quota de 40 sièges pour les femmes. Des changements ont également été apportés aux prérogatives des membres du bureau national, du conseil national, du président et de ses adjoints et au quorum du congrès. De même qu'il a été procédé à l'introduction dans le règlement intérieur de la séparation des fonctions officielles (ministérielles) de celles du président. Dès la fin de l'élection de toutes les instances dirigeantes, le conseil consultatif, présidé par Abderrahmane Saidi et secondé (vice-président) par Saïd Babekri, ainsi que la nomination de Abderrazak Mokri et Mohamed Megharia Hadj Hamou (proches de Bouguerra) comme vice-présidents du parti, les membres du conseil ont quitté la Coupole en direction du centre de presse du complexe olympique pour procéder au plébiscite de Bouguerra Soltani, avant de rejoindre les congressistes. Vers 12h30, le président du bureau du congrès annonce les noms des nouveaux responsables du parti sous les applaudissements de la salle. Des mots d'ordre fortement islamistes fusent. « Dieu est notre objectif, le Coran est notre Constitution », « Haraka ikhouaniya » (mouvement des frères musulmans) sont les quelques slogans scandés par les congressistes avant d'être rappelés à l'ordre par certains dirigeants du parti. Dans la déclaration finale, lue par le président du bureau du congrès, Aboubeker Gadouda, il est rappelé les circonstances dans lesquelles s'est tenu le congrès et surtout le fait que le parti soit « sorti indemne de la crise et renforcé dans ses rangs ». Il a qualifié le plébiscite de Bouguerra Soltani d'élection de l'union, tout en appelant les militants « à resserrer les rangs derrière la nouvelle direction ». Dans un long discours à maintes fois ovationné, Bouguerra Soltani est revenu sur « les cinq longues journées et nuits du congrès » et surtout sur le prêche du vendredi prononcé par Mahdjoubi qui « nous a permis de surmonter les problèmes de forme pour nous ramener au fond, c'est-à-dire à Dieu. Nous avons pu résumer 5 jours en une journée et une nuit ». Bouguerra n'a pas omis de rendre hommage à Aboubeker Gadouda qui a subi de fortes pressions et à Abdelmadjid Menasra qui, selon lui, ne s'est pas retiré, mais plutôt « désisté » de la course. « Il n'y aura plus de tutelle sur le mouvement à partir d'aujourd'hui. Nous avons grandi et nous n'acceptons plus de tuteurs (…) Nous avons veillé à ce que le congrès soit souverain et ceux qui disent que les jeux se sont faits dans les coulisses ou en dehors de la salle se trompent. Vous êtes les auteurs de cette victoire et vous avez tout fait pour préserver l'indépendance de la décision. Tout a été mis sur la table, en toute transparence. Le congrès a été un référendum pour décider du destin du mouvement dans ses positions afin qu'il puisse intégrer les grands clubs et vous êtes déjà membres de ces derniers. Vous représentez le courant islamiste en Algérie (…). » Bouguerra a averti qu'il n'acceptera à l'avenir que ceux qui lui ramèneront « les visas » des wilayas, vu que le mouvement « ne sera plus celui des assis et des retraités ». Il a terminé son discours en promettant aux membres du congrès, à trois reprises, de se consacrer exclusivement aux affaires du parti. Allusion faite au nouvel amendement du règlement intérieur qui oblige le président du parti à ne pas accepter les charges ministérielles. Les travaux du congrès ont été achevés avec incantations religieuses, chantées à haute voix par la salle et entrecoupées par des « Allah Akbar » (Dieu est grand). Des accolades et des embrassades entre les adversaires d'hier, Menasra et Bouguerra, ont été la touche finale, sur une tribune, où s'est évanoui un député qui n'a pu être réanimé qu'après au moins 30 minutes par les agents de la Protection civile.